La neutralité carbone est l’objectif que s’est fixé le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques Paris 2024… Les matériaux biosourcés tels que le bois s’imposent donc pour relever cet ambitieux challenge.
Le compte à rebours est lancé depuis le 13 septembre 2017, date à laquelle Paris s’est vu confier l’organisation des Jeux Olympiques 2024 par le Comité international olympique (CIO).
Pour le Comité d’organisation des Jeux Olympiques (Paris 2024) et la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), l’objectif à atteindre lors de ces jeux est la neutralité carbone. Cela signifie que toutes les émissions de CO2 liées aux JO devront être compensées.
Heureusement, peu d’infrastructures nouvelles sont à construire. S’appuyant sur 95% de sites déjà existants ou temporaires, Paris 2024 fait le choix de la sobriété. Seuls le village olympique et paralympique ainsi qu’un centre aquatique devront être construits.
RÉDUIRE L’EMPREINTE CARBONE DE 30% PAR RAPPORT AUX JO DE LONDRES
« Dans la partie construction, l’objectif du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques – Paris 2024 – est d’obtenir une empreinte carbone qui soit inférieure de 30% à celles des jeux de Londres », déclare Georges-Henri Florentin, président de France Bois 2024. France Bois 2024 est un structure lancée fin octobre 2018 pour favoriser l’utilisation des solutions de construction et d’aménagement en bois, notamment français, dans les réalisations des JO de 2024.
L’objectif visant à réduire l’empreinte carbone des JO 2024 de 30% par rapport à celles des jeux de Londres s’inscrit d’ailleurs dans la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), introduite par la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte, qui vise, à l’horizon 2050, la neutralité carbone sur l’ensemble du territoire français.
« Cela a poussé les décideurs en charge de l’organisation des JO à s’intéresser aux matériaux qui consomment peu d’énergie et qui stockent le carbone en leur sein, donc aux matériaux biosourcés tels que le bois », note Georges-Henri Florentin.
LES JO : UNE VITRINE INTERNATIONALE ET UN COUP D’ACCÉLÉRATEUR
Les Jeux Olympiques de Paris en 2024 seront donc l’occasion pour la filière bois construction et aménagement de démontrer ses capacités, ses compétences et ses atouts écologiques et sociétaux auprès des donneurs d’ordre et du grand public français.
Ces jeux constituent aussi une belle opportunité de créer une vitrine internationale et de donner un coup d’accélérateur à la part du bois dans la construction et l’aménagement en France (10% à l’heure actuelle alors que ce pourcentage est deux fois plus élevé en Amérique du Nord ou en Scandinavie).
« Les JO ne seront qu’un révélateur d’une tendance beaucoup plus profonde qui voit la part de la construction bois augmenter partout dans le monde, tirée par les citoyens, en demande de ce matériau naturel, par les maîtres d’ouvrage mais aussi par les fournisseurs de matériaux de construction… Bref, par tout l’écosystème du BTP », complète Georges-Henri Florentin.
JUSQU’À 100 000 M3 DE BOIS NÉCESSAIRES POUR TOUS LES CHANTIERS
Quelles quantités de bois seront utilisées lors des JO 2024 ? Selon Georges-Henri Florentin, le village olympique et paralympique aurait besoin de quelque 20 000 m3 de bois tandis que l’intégralité des chantiers pourrait en utiliser jusqu’à 100 000 m3. La Solideo a pris l’engagement de commander exclusivement des bois gérés durablement et, à hauteur de 30 %, de garantir leur origine française. La filière bois et France Bois 2024 se fixent pour leur part un objectif de 50%.
Pour mémoire, le village olympique et paralympique est réparti sur 3 communes : Saint-Denis, Saint-Ouen et l’Île-Saint-Denis. Il accueillera 15 600 athlètes pendant les Jeux. Au total, pas moins de 260 000 m² de surface de plancher sont à construire.
Après les Jeux, le quartier comportera 2 200 logements familiaux, 900 logements spécifiques (à destination des étudiants par exemple), le gymnase Pablo Neruda (Saint-Ouen) réhabilité et agrandi, un parc aménagé de 3 hectares, des espaces verts (7 hectares), 120 000 m² d’activités, bureaux et services et 3 200 m² de commerces de proximité.
ILOT D DU VILLAGE OLYMPIQUE : LABELS BIODIVERCITY ET E+C-
Au terme de la consultation lancée par la Solideo, c’est le projet porté par le groupement formé par Icade, la Caisse des Dépôts (Banque des Territoires) et CDC Habitat qui a été choisi pour l’ilot D du village olympique et paralympique à Saint-Ouen-sur-Seine (« Les Quinconces »). Un ensemble immobilier de plus de 48 000 m² destiné à accueillir 3 000 athlètes sera construit.
« Les Quinconces » intègreront une construction bas carbone en bois ou mixte bois / béton bas carbone. Le bois utilisé proviendra de forêts gérées durablement et certifiées PEFC ou FSC. Le projet vise les labels Biodivercity (label international pour la prise en compte de la biodiversité dans les projets immobiliers) et E+C-.
Le label E+C- (Bâtiments à Energie Positive et Réduction Carbone) mesure d’une part l’énergie positive d’un bâtiment sur une échelle de 1 à 4 et, d’autre part, la réduction carbone du projet sur sa durée de vie sur une échelle de 1 à 2. Les logements R+6 seront labellisés « E3C2 », les logements R+9 « E3C1 » et les bureaux « E2C1 ».
SECTEUR E : UNE RÉDUCTION DE 75% DE L’EMPREINTE CARBONE
Concernant le village des athlètes (secteur E du village olympique situé à Saint-Ouen-sur-Seine), il a été remporté par le groupement Nexity, Eiffage Immobilier, CDC Habitat, EDF et Groupe Groupama. Le secteur E couvre environ 53 000 m2 de surface de plancher pour 525 logements, un immeuble de bureaux, une crèche et des locaux d’activités et commerciaux qui devraient accueillir quelque 2 500 athlètes et para-athlètes et, dès 2025, de futurs Audoniens.
Le mode construction proposé mixera là aussi bois et béton bas carbone. Il sera mis en œuvre par Eiffage Construction et permettra de réduire de 75% l’empreinte carbone du projet par rapport aux Jeux de Londres. Le bois sera 100% français, aussi bien pour l’approvisionnement par les deux plus grands propriétaires forestiers français (la Société Forestière du groupe Caisse des Dépôts et Groupama), que pour le sciage et la transformation avec le concours de l’entreprise Simonin.
« Nous sommes en train de mettre en place avec les groupements victorieux un système de traçabilité permettant d’attester que 100% du bois sera issu de forêts gérées durablement et qu’une majorité de ce bois proviendra de fournisseurs français. Pour les JO, les audits seront communs, ce qui est une première », conclut Georges-Henri Florentin.