À quelques jours du premier tour des élections municipales, les candidats à la mairie de Paris diffusent les derniJusqu’à quelques jours avant le premier tour des élections municipales, les candidats à la mairie de Paris diffusaient encore les dernières mesures de leur programme. Plus que jamais, la question des mobilités douces, et plus particulièrement celle du vélo, aura été un enjeu au cœur des arguments de campagne sur les transports dans la capitale.
Fin janvier, à l’initiative des collectifs d’usagers Paris en Selle (PES) et Mieux se déplacer à Bicyclette (MDB), qui travaillent pour défendre l’idée d’un Paris plus cyclable, six candidats à l’Hôtel de Ville étaient tour à tour invités à se prononcer durant 15 minutes sur la place du vélo dans le cadre d’un « Grand oral du vélo ». Une proposition a centralisé tous les arguments: celle de la création au cours de la prochaine mandature d’un « Vélopolitain », qui vise à construire un réseau sécurisé de 170 km directement calqué sur celui du métro, afin de couvrir toute la capitale et de la relier aux communes alentours par des pistes larges et confortables.
Pour la maire PS sortante, « Paris sera 100% vélo en 2024 » si elle est réélue. Avec sa proposition choc de supprimer 60 000 places de stationnement automobile pour les allouer au vélo, Anne Hidalgo a fait mouche auprès des organisateurs du débat. Son bilan est pourtant controversé – entre seulement la moitié de son plan vélo de 2014 effectivement réalisée et le très chaotique changement d’opérateur des vélos en libre-service Vélib – mais l’élue entend rendre les rues de la capitale entièrement cyclables d’ici les prochains Jeux Olympiques. Si certains axes parisiens restent encore difficilement accessibles aux cyclistes, comme les portes de la capitale et les ponts toujours jugés dangereux, Anne Hidalgo souhaite qu’au moins une « vélorue » par arrondissement soit dédiée aux cyclistes, que le double-sens cyclable soit généralisé dans les zones 30 et que l’acculturation à la pratique du vélo se fasse dès l’école. Du côté du candidat EELV, David Belliard fait valoir que la politique menée à Paris en faveur du vélo est avant tout celle du groupe écologiste et s’est félicité lors de ce grand oral de voir ses propositions reprises par ses concurrents. L’écologiste, qui souhaiterait faire du Vélib un service public à part entière, projette également de favoriser l’essor des vélo-cargos dans la capitale.
L’insoumise (FI) Danielle Simonnet, qui partage également l’idée d’une municipalisation du Vélib et à terme, de sa gratuité, souhaite quant à elle offrir un vélo à tous les jeunes âgés de 16 ans. Coût de l’opération : 4 millions d’euros.
Grande absente de la soirée, Rachida Dati. La candidate Les Républicains qui déplore régulièrement la politique anti-voiture de la maire sortante, était représentée par sa directrice de campagne Nelly Garnier, pour qui il est urgent de se réunir afin de lancer une concertation de 6 mois avec tous les partenaires autour d’un plan global de mobilité. Pas de grande déclaration ni projet sur le vélo, donc. Les propositions de Benjamin Griveaux, alors candidat LREM et présent à ce « grand oral », sont aujourd’hui reprises en partie par sa désormais remplaçante Agnès Buzyn. L’ancienne ministre de la santé entend établir un « plan vélo sécurisé » mais s’oppose au « 100% vélo » d’Anne Hidalgo, une mesure selon elle trop exclusive envers certaines catégories de la population.
Enfin, le candidat Cédric Villani (ex-LREM désormais sans étiquette) promet de s’emparer des 32 km de la Petite Ceinture pour en faire une grande piste cyclable à deux voies afin de « mettre en valeur le patrimoine » francilien. Le député de l’Essonne a également plaidé en faveur de la gratuité des 2 premières heures du Vélib, afin d’inciter au report modal car selon lui, « Vélib c’est bien… quand ça marche », pointant la qualité des vélos dont la durée de vie de 2 ans n’est pas compatible avec les ambitions écologiques de la Métropole.
Autant de propositions qui interrogent sur la problématique du deux-roues non motorisé et visent à faire de Paris une capitale qui roule à bicyclette. Reste à savoir si cet argument de choc fera son retour dans la campagne pour le second tour des élections qui devrait avoir lieu « sûrement après l’été », selon les annonces de la Ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourrault dimanche 19 avril.