Innovation

Les poubelles intelligentes à la rescousse des collectivités

Les poubelles connectées fleurissent dans nos centres-villes. Incitant même les plus mauvais trieurs à y déposer leurs déchets, elles facilitent également leur collecte. Quelques exemples de leur déploiement dans le Grand Paris.

En 2017, selon l’Observatoire des déchets d’Ile-de-France (Ordif), les Franciliens ont produit 463 kg de déchets ménagers et assimilés par habitant. Alors que ce chiffre est en hausse de 4kg par habitant par rapport à 2015, un nouvel acteur qui pourrait améliorer et faciliter la gestion des déchets, fait son entrée dans l’équation : la poubelle connectée. Automates qui récompensent le geste citoyen, conteneurs solaires avec compacteur intégré… Certaines communes du Grand Paris se sont déjà tournées vers ces solutions afin d’améliorer la gestion des déchets sur leurs territoires.

COMPLÉTER LA COLLECTE DU SERVICE PUBLIC

C’est le cas de la ville de Pantin en Seine-saint-Denis par exemple, qui vient tout juste d’inaugurer, vendredi 13 mars dernier, une machine Lemon Tri près de la bouche de métro Eglise de Pantin (ligne 5). « Cette machine est paramétrée pour récupérer les bouteilles en plastique et les canettes, elle est équipée d’un système de récompense par bons d’achat, valables dans les commerces volontaires du quartier », explique Alice Maréchal, responsable de la communication de Lemon Tri. Cette entreprise, dont la majorité des clients sont des sociétés privées –  supermarchés, centres commerciaux ou complexes sportifs –  se voit de plus en plus abordée par des collectivités à la recherche de partenariats. « Il y a un enjeu important sur le gisement de déchets hors foyer pour les collectivités, notamment en ce qui concerne les emballages de boisson », souligne Alice Maréchal. Difficile d’évaluer le tonnage de ce gisement, mais les bouteilles et canettes consommées en dehors du foyer sont en grande majorité jetées dans les corbeilles de ville et ne seront donc jamais valorisées. Il s’agit pour les collectivités territoriales de « trouver une solution attrayante et ludique pour booster la collecte de ces emballages dans la rue », estime la responsable communication de Lemon Tri. La machine, résistante au vandalisme et aux intempéries, est équipée de capteurs qui reconnaissent les codes-barres et d’un système intégré de tri selon la nature de l’emballage. A raison de 30 emballages par minute, l’automate Lemon Tri a une capacité de stockage de 2.000 emballages. L’entreprise laisse le choix aux collectivités de prendre en charge la gestion de ce gisement supplémentaire, « avec l’enjeu de préserver le tri à la source réalisé par la machine », souligne Alice Maréchal. Dans le cas de Pantin, c’est Lemon Aide, filiale d’insertion de Lemon Tri, qui gère la collecte. Un investissement compris entre 5.000 et 8.000 euros par an pour la machine et l’intégralité du service.

La ville de Colombes dans les Hauts-de-Seine, a quant à elle déployé quinze conteneurs Bigbelly depuis août dernier. Ces poubelles, développées par l’entreprise Connect Sytee, sont équipées de capteurs photovoltaïques et d’un compacteur intégré. Alimenté par l’énergie solaire, celui-ci permet d’optimiser la collecte en divisant le nombre de passages des camions par cinq. Ces corbeilles communiquent également le taux de remplissage, les pannes, les blocages, ou encore l’état de la batterie. Colombes a investi 100.000 euros pour l’achat de 15 Bigbelly, qui viennent compléter les 800 corbeilles municipales. La ville de Paris en teste également 450 depuis début 2020.

FACILITER LE DÉPLOIEMENT DE LA CONSIGNE

Alors que la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, adoptée fin janvier dernier, prévoit le déploiement progressif d’un dispositif de consigne pour les emballages de boisson en plastique à l’horizon 2023, ce type de partenariat public-privé pourrait tendre à se développer. « On entend les craintes des collectivités en terme d’équilibre financier, mais ces déchets qui sont mal collectés doivent être valorisés de façon urgente, et les poubelles connectées se présentent comme un dispositif complémentaire à la collecte du service public, non comme un substitut », estime Alice Maréchal. « Il s’agit d’identifier avec les collectivités, les zones où les taux de tri sont les plus faibles pour y déployer ces poubelles », poursuit-elle. Et surtout, selon elle, il est important de « soigner l’incitation au geste de tri, avec des récompenses et bons d’achat par exemple, afin de mobiliser des personnes qui n’utilisent pas forcément les dispositifs classiques ».

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