Le Comité de liaison des matériaux biosourcés d’Ile-de-France a signé un manifeste pour une relance territoriale avec les matériaux biosourcés. Il propose huit mesures pour leur faire une place dans le secteur de la construction.
Le jeudi 3 septembre dernier, le gouvernement a dévoilé son plan de relance « France Relance ». Celui-ci, d’un montant global de 100 milliards d’euros, consacre 30 milliards d’euros à la transition écologique, dont 7 milliards pour la rénovation énergétique des bâtiments. Le secteur du bâtiment bénéficiera d’un coup de pouce de 4 milliards d’euros. Quelques semaines avant cette annonce, le Comité de liaison des matériaux biosourcés d’Ile-de-France – qui rassemble autour du Conseil régional de l’Ordre des architectes et de la cambre d’agriculture de la région, les filières bois, paille et chanvre – avait signé un manifeste pour « une relance territoriale avec les matériaux biosourcés ». Pour ce Comité de professionnels du bâtiment, la crise sanitaire et ses impacts « nous invitent à maintenir le cap de la transition écologique et à accélérer le processus. Pouvoirs publics, élus locaux, professionnels, doivent repenser leurs modèles. Aménager et construire différemment est désormais vital ». D’autant que la loi antigaspillage pour une économie circulaire a permis la création d’une filière à Responsabilité élargie des producteurs (REP) pour les déchets du bâtiment. « Les matériaux biosourcés représentent un réel avantage, leur recyclage est effectif et rapidement mis en œuvre », martèlent les signataires du manifeste.
Les professionnels ont établi une liste de huit propositions pour donner aux matériaux biosourcés une place centrale dans la relance économique de la France. L’action locale leur paraît cruciale : « Il faut systématiser l’éco-conditionnalité des aides publiques à des critères tels que les circuits de proximité, les matériaux renouvelables, la captation de carbone, la sobriété énergétique, la biodiversité ou encore les effets sanitaires », estiment-ils. Le Comité de liaison des matériaux biosourcés d’Ile-de-France prône également le déploiement d’unités de production et de transformation des matériaux à échelle régionale, « afin de développer des filières locales de matériaux et d’encourager la demande ». Enfin, le Comité propose de cartographier les ressources territoriales en matériaux ainsi que le réseau des professionnels.
Au plan national, ce manifeste souligne la nécessité de « fixer un plafond maximal d’émission de gaz à effet de serre et un seuil minimal de stockage de ‘carbone biogénique’ pour le bâtiment dans le cadre de l’élaboration de la Réglementation environnementale 2020 (RE2020) ». Par ailleurs, le label « Bâtiment biosourcés », n’aurait pas des critères d’attribution assez forts et nécessiterait une révision et une extension de ses niveaux, « en mettant en place des dispositifs incitatifs ». Le manifeste suggère également la mise en place d’un « nouveau dispositif de fiscalité verte au bénéfice des acteurs et entreprises qui investissent dans la transition écologique et l’économie locale ». Selon les professionnels du secteur, les filières biosourcées devraient aussi être intégrées dans les instances telles que le Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE) ou dans les bases HQE-INIES. Enfin, le Comité propose de créer un système « Bâti-Score », du même type que le nutriscore alimentaire, « afin de prendre en compte et valoriser la santé des usagers dans l’aménagement et la construction ».
Pour rappel, en 2019 en France, 10% des logements neufs ont été réalisés avec des matériaux biosourcés. Pour les bâtiments et activités tertiaires, cette part atteint 20% « et ne cesse d’augmenter », se félicitent les professionnels de ces filières. « Construire en structure bois permet de réduire l’empreinte carbone d’un bâtiment de 25% sur toute sa durée de vie ; une maison en paille de 100 m² stocke 18 tonnes de carbone et un habitat isolé en béton de chanvre stocke 20 tonnes de C02 », rappellent-ils.
Dernièrement, le bailleur social Paris Habitat a annoncé le début de travaux d’isolation par la paille dans un immeuble de la rue de la Convention, dans le XVème arrondissement de Paris. « Jusque-là réservée au neuf ou aux maisons individuelle, cette solution est employée pour réaliser l’isolation thermique par l’extérieur d’une résidence, dans le cadre d’une réhabilitation en milieu occupé démarrée cet hiver et qui se terminera en octobre 2020 », a expliqué le bailleur dans un communiqué. Preuve que les matériaux biosourcés, petit à petit, font leur nid.