Bouygues Immobilier reçoit le label BBCA réalisation pour l’opération ENJOY : le plus grand immeuble de bureaux à énergie positive en structure bois de France

Conçu par les cabinets d’architectes BAUMSCHLAGER EBERLE et SCAPE, Green Office® ENJOY comprend une structure unique et innovante, mixte, en bois et béton, pour une superficie de 17 400 m². L’immeuble, situé dans la ZAC Clichy-Batignolles (Paris 17e), se compose d’un rez-de-chaussée sur deux niveaux posés sur des boîtes à ressort, et de six niveaux en bois (soit 2 700 m3 de bois). Grâce à cette conception novatrice, le bâtiment économisera 2 900 tonnes de carbone (par rapport à un même projet tout en béton), équivalent à la plantation de 1 500 arbres. Bâtiment à énergie positive, Green Office® ENJOY produira plus d’énergie qu’il n’en consomme grâce à l’installation de 1 700 panneaux photovoltaïques en toiture et au raccordement à la centrale de géothermie de la ZAC.

C’est un doublé pour cet immeuble qui avait déjà décroché le Label BBCA pour sa phase conception en juillet 2016. « Cette démarche s’inscrit dans la stratégie de Bouygues Immobilier de réduire de 30 % ses émissions de gaz à effets de serre d’ici 2030 et ainsi de suivre l’engagement de la COP21 de Paris » déclare Julien Brisebourg, Spécialiste Bois chez Bouygues Immobilier.

INFORMATIONS PROJET
  • Localisation : PARIS 17ème – EPT : T1
  • Maître d’ouvrage : BOUYGUES IMMOBILIER
  • Architectes : Baumschlager Eberle Architectes/Scape
  • Bureau d’études : Greenaffair
  • Constructeurs : Les Maçons Parisiens, Mathis
  • Certificateur : CERTIVEA
S’il est nécessaire d’améliorer la performance énergétique des bâtiments en favorisant des systèmes de chauffage, d’apport en eau chaude et de ventilation performante, en renforçant l’isolation thermique tout en ayant recours le plus possible aux énergies renouvelables, un nouveau facteur semble désormais tout aussi essentiel et concentre l’attention de nombreux acteurs dans les projets de construction ou rénovation : les matériaux dits « durables » ou « écologiques ».

Une notion malgré tout encore peu définie et aux contours quelque peu incertains, mais qui vise surtout à démontrer la pérennité des matériaux au regard de leur cycle de vie. À ce titre, on dénombre la gestion durable et éthique des ressources qui favorise un développement local, la faible empreinte écologique de ces matériaux naturels qui garantissent ainsi un habitat sain pour les occupants, l’absence de rejets toxiques durant leur utilisation et enfin leur recyclage en fin de vie. Les piliers d’une construction durable font donc la part belle à l’écoconception de l’habitat, le caractère local de ses matériaux, son économie en énergie et sa durabilité.  

Du côté des matériaux, le bois fait assurément son grand retour depuis quelques années, notamment en raison de la qualité de sa fibre qui limite les émissions de carbone dans l’atmosphère. Utilisé depuis des millénaires, il est naturellement isolant et assure une meilleure régulation de l’hygrométrie. Dans sa version lamellée-croisée (composée de morceaux de bois laminés pour former une structure plus grande), il offre une très forte résistance compacte, qui permet ainsi d’achever de grandes constructions dans un temps bien plus rapide qu’un projet standard.

Au rang des matériaux durables et naturels, on dénombre également le chanvre, matériau écologique par excellence puisque cette plante pousse même sur les sols les plus pauvres et nécessite peu d’eau, d’engrais et de pesticides. La paille constitue quant à elle un isolant de très haute qualité, permettant de réduire la facture thermique d’un bâtiment. Toujours en matière d’isolation thermique, le champignon et la pomme de terre disposent de potentiels encore peu explorés mais devraient permettre de réduire drastiquement l’empreinte carbone de nos futurs bâtiments, selon de nombreux chercheurs. De son côté, la terre crue constitue un matériau recyclable, renouvelable et non polluant. Dont l’aspect local (de nombreuses régions en produisent et disposent) a cela de vertueux qu’il limite particulièrement le bilan carbone d’une construction. Le liège, l’ouate de cellulose, les laines animales, la chaux intègrent également la liste des éco-matériaux aux propriétés vertueuses, tout comme l’acier à mémoire de forme, un matériau intelligent utilisé pour renforcer les structures en béton qu’il précontraint et dont il améliore les performances. À l’avenir, son utilisation pourrait participer à révolutionner le secteur de la construction des nouvelles infrastructures, de l’habitat ainsi que de sa rénovation.

CIMENT BAS CARBONE

Mais actuellement, le matériau qui concentre toute l’attention des métiers de la construction se nomme assurément le ciment bas carbone. De fait, à compter de 2021, l’Europe réduira les quotas d’émissions gratuites de CO2 et à ce titre, si la tonne de béton (un mélange de sable, gravier et ciment) demeure aussi carbonée qu’avant, la facture risque d’être salée pour le acteurs du secteur. Et parce que sa recette – de l’argile et du calcaire cuits à 1 450 degrés – a peu changé depuis son invention au XIXe siècle par le Français Louis Vicat, les cimentiers se sont lancés dans un sprint au bas carbone. En effet, son émission de CO2 s’aggrave par sa composition en calcaire, qui contient près de 40% de carbone qu’il libère une fois chauffé.

Ces derniers temps, les expérimentations pour le produire différemment se sont multipliées, tant l’enjeu est de taille : la production mondiale de ciment représentant 5 à 7% des émissions de totales. En Allemagne, la cimenterie LafargeHolcim planche sur la conversion de son CO2 à l’aide de l’hydrogène et de l’électricité éolienne. Le Britannique DB Group propose quant à lui la solution Cemfree, une alternative « ultra bas carbone » au ciment traditionnel, qui permet d’économiser jusqu’à 80% de CO2 par rapport à un mélange conventionnel, sans pour autant compromettre sa résistance.  Près de Lyon, le projet français de R&D « FastCarb » teste depuis 2017 des manières de produire un béton bas carbone à partir de béton recyclé, en accélérant le processus de recarbonation (au fil du temps, les bâtiments en béton réabsorbent en effet une partie du carbone libéré durant la cuisson et présent dans l’atmosphère ensuite). D’ici fin 2020 et la publication des résultats de cette expérience, ces nouveaux procédés permettront peut-être de valider de nouveaux modèles économiques concernant l’extension de la recarbonation accélérée à grande échelle.

Dans le cadre du réaménagement d’une parcelle occupée par une école construite en préfabriqué dans les années 50, la nouvelle école maternelle a vu le jour à la rentrée 2019.

La nouvelle école offre six classes pédagogiques, doublant ainsi les capacités de l’ancienne. Les  matériaux biosourcés sont très largement mis en œuvre. La structure, le parement et les menuiseries sont en bois, l’isolation est en paille et en fibres végétales et les toits et terrasses sont entièrement végétalisés. En valorisant le recours à des matériaux issus de la Biomasse d’origine végétale ou animale, les qualités environnementales hautes du bâtiment permettent de viser les labels exigeants « Bâtiment Sobre en Energie » de la Maison Passive de France et « Bâtiment Bas Carbone », ce qui s’inscrit dans la démarche d’optimisation de la performance environnementale de l’opération d’aménagement. 

LE PROJET

La cour comprend un grand espace libre adapté à une diversité d’usages (ballon, tricycles, jeux collectifs, fête de l’école, jardin pédagogique), une zone de jeu en sol souple, un grand espace extérieur couvert, des arbres pour offrir un bel ombrage aux bancs situés à leur pied et un mur « habité » qui jouera un rôle de protection vis à vis de l’extérieur et d’écrin pour la cour de l’école. Les espaces de vie et de détente incluent un préau-motricité, un espace de restauration, un centre de loisir, et une salle de propreté. Au 1er étage sont réunies les 6 salles de classe et la salle de repos. Au 2ème étage se trouve l’espace Premiers Livres et le jardin pédagogique en terrasse. L’entrée principale de l’école pour les enfants est située rue Jeanne-d’Arc.

Informations projet :
  • Localisation : PARIS 13ème – EPT : T1
  • Maître d’ouvrage : SEMAPA, SPLA
  • Architectes : LA ARCHITECTURES / CORENTIN DESMICHELLE
  • Bureau d’études : AI ENVIRONNEMENT
  • Constructeurs : GROUPEMENT URBAINE DE TRAVAUX, CHARPENTE GOUBIE
  • Certificateur : CERTIVEA
Alors que le nombre total de rénovations de logements résidentiels a marqué un coup d’arrêt en 2019, l’Ile-de-France reste la première région française, avec plus d’un tiers des opérations.

Avec 20% des émissions de gaz à effet de serre en France en 2017, le secteur du bâtiment (résidentiel et tertiaire) se place derrière celui des transports (30%) et juste devant l’agriculture (19%), selon le CITEPA. Pour réduire les émissions de GES de ce secteur et atteindre la neutralité carbone en 2050, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) adoptée par la France vise notamment à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Cette stratégie passe, entre autres, par une massification des rénovations appliquées au parc existant, en ciblant prioritairement les passoires énergétiques.

Créée en 2006, l’association Effinergie a pour vocation de promouvoir les bâtiments, neufs ou rénovés, faisant preuve d’une réelle efficacité énergétique. Un de ses huit labels est le label BBC-Effinergie Rénovation qui, comme son nom l’indique, cible le marché de la rénovation. Sont concernés plus de 31 millions de logements et plusieurs centaines de millions de mètres carrés de bâtiments tertiaires, dont plus des deux tiers ont été construits avant 1975, date de la première réglementation thermique en France.

Pour les constructions résidentielles rénovées, le label BBC-Effinergie Rénovation prévoit une consommation maximale en énergie primaire de 80 kWh/m².an, à moduler selon la zone climatique et l’altitude. Pour les bâtiments tertiaires, la consommation conventionnelle d’énergie primaire du bâtiment pour le chauffage, le refroidissement, la ventilation, la production d’eau chaude sanitaire et l’éclairage des locaux doit être inférieure de 40% à la consommation conventionnelle de référence définie dans la réglementation thermique (RT) existante (dite globale).

LOGEMENTS RÉSIDENTIELS : L’ILE-DE-FRANCE EN TÊTE

En 2019, près de 25 000 logements résidentiels se sont engagés dans une rénovation BBC. Ce chiffre est en baisse de 32% par rapport au nombre d’opérations et de logements engagés dans une rénovation basse consommation en 2018. Il représente néanmoins la troisième meilleure année depuis le lancement du label en 2009.

Selon Effinergie, cette baisse du nombre de demandes de labels BBC-Effinergie Rénovation peut s’expliquer par des causes multifactorielles telles que la réorganisation des bailleurs sociaux dans le cadre de l’application de la loi Elan, la baisse des ressources financières, un changement de stratégie favorisant des rénovations partielles au détriment de rénovations globales et la fermeture de l’accès à la programmation des fonds Feder 2014/2020 dans certaines régions.

Evolution du nombre d’opérations et de logements BBC-Effinergie Rénovation dans le secteur résidentiel de 2009 à 2019 en France © Effinergie

Les logements collectifs représentent 85% des opérations de rénovation basse consommation en secteur résidentiel et 97% du nombre de logements. Les logements individuels représentent 15% des opérations et 3% des logements rénovés. Le total des opérations sur les logements individuels se répartit en rénovations de maisons en secteur diffus (55%) et de logements groupés (45%).

Pour ce qui est des opérations de rénovation de logements collectifs, l’Ile-de-France arrive en tête des régions françaises avec 36% des opérations de rénovations BBC, devant la région Auvergne-Rhône-Alpes (16%), les Hauts-de-France (11%), la région Grand Est (11%) et la Normandie (8%).

En revanche, l’Ile-de-France n’occupe que la troisième place (8%) en ce qui concerne les opérations de logements groupés rénovés à basse consommation, derrière la région Hauts-de-France (38%) et la région Normandie (27%). La région Ile-de-France s’octroie également la troisième place (11%) concernant les maisons en secteur diffus rénovées à basse consommation derrière les Hauts-de-France (24%) et la région Auvergne-Rhône-Alpes (16%).

Répartition géographique des logements BBC-Rénovation en France en 2019 © Effinergie
TERTIAIRE : L’ILE-DE-FRANCE ÉGALEMENT EN PREMIÈRE POSITION

Concernant le tertiaire, le nombre de demandes de label BBC-Rénovation est en baisse constante depuis 2015 en France. Seules 18 opérations (soit 82 000 mètres carrés) ont déposé en 2019 une demande de label BBC Effinergie Rénovation.

Evolution de la surface et du nombre d’opérations BBC Rénovation dans le secteur tertiaire en France entre 2009 et 2019 © Effinergie

Si l’on prend l’ensemble des 456 opérations en cours de rénovation basse consommation dans le tertiaire, 85% d’entre elles (94% de la surface tertiaire), sont sous maîtrise d’ouvrage privée. Parmi les projets rénovés sous maîtrise d’ouvrage privée, 92% sont des bâtiments de bureaux. Des projets de rénovation d’hôtels (3,6%) et de bâtiments d’enseignements (2,4%) dans le cadre de partenariats public / privé sont aussi en cours de travaux.

Les 15% d’opérations de rénovation sous maîtrise d’ouvrage publique se concentrent, elles, sur les bâtiments d’enseignement (37%) et les bureaux (39%). Quelques bâtiments de santé, de culture et de sports sont eux aussi rénovés à basse consommation.

70% des projets BBC-Effinergie Rénovation dans le tertiaire sont situés en région Ile-de-France. Ce taux monte à 77% dans le secteur privé. Dans le secteur public, les opérations sont réparties principalement entre la Nouvelle-Aquitaine (31%) et l’Ile-de- France (23%).

La loi « relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire », publiée au Journal officiel le 11 février 2020, contient plusieurs articles concernant directement la commande publique. Le Grand Paris se mobilise autour d’elle.

L’économie circulaire suscite l’intérêt du Grand Paris depuis plusieurs années déjà. Dès la fin 2018, un programme d’action expérimental intitulé « Achats et Économie circulaire » a été lancé par la Métropole du Grand Paris, en partenariat avec l’Institut National de l’Economie Circulaire (INEC) et l’Observatoire des Achats Responsables (ObsAR). L’objectif était d’évaluer l’opportunité d’intégrer des critères d’économie circulaire dans les procédures d’achats.

De grands groupes (Cemex, La Poste, EDF, ADP), des PME (Camposphere) mais également des collectivités (Est Ensemble Grand Paris, Mairie de Fontenay-sous-Bois, Mairie des Lilas, Mairie de Montfermeil, Mairie de Sceaux) et des institutionnels (Direction des achats de l’État, Ministère des Armées) y ont notamment participé.

La Métropole du Grand Paris a également lancé, aux côtés de l’Institut National de l’Économie Circulaire (INEC) et du Centre International de Ressources et d’Innovation pour le Développement Durable (CIRIDD), la plateforme Grandpariscirculaire.org. Cette dernière a vocation à devenir la porte d’entrée de l’économie circulaire sur le territoire métropolitain.

RÉDUIRE LA CONSOMMATION DE PLASTIQUES À USAGE UNIQUE ET LA PRODUCTION DE DÉCHETS

La loi « relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire », qui date de février dernier, contient un certain nombre d’articles relatifs à la commande publique.

Le premier de ces articles est l’article 55. Il prévoit qu’à compter du 1er janvier 2021, « les services de l’Etat ainsi que les collectivités territoriales et leurs groupements, lors de leurs achats publics et dès que cela est possible, doivent réduire la consommation de plastiques à usage unique, la production de déchets et privilégient les biens issus du réemploi ou qui intègrent des matières recyclées en prévoyant des clauses et des critères utiles dans les cahiers des charges ».

Ce même article 55 précise que « lorsque le bien acquis est un logiciel, les administrations mentionnées au premier alinéa de l’article L. 300-2 du code des relations entre le public et l’administration promeuvent le recours à des logiciels dont la conception permet de limiter la consommation énergétique associée à leur utilisation ».

PRIVILÉGIER LES BIENS ISSUS DU RÉEMPLOI

L’article suivant (l’article 56), précise quant à lui que les acheteurs, lorsqu’ils achètent des constructions temporaires, « ne peuvent exclure les constructions temporaires ayant fait l’objet d’un reconditionnement pour réemploi, sous réserve que leurs niveaux de qualité et de sécurité soient égaux à ceux des constructions neuves de même type. Ils tiennent compte des incidences énergétiques et environnementales de la construction sur toute sa durée de vie. »

Concrètement, cela signifie que les acheteurs ont deux possibilités. Soit s’interdire d’acquérir des constructions temporaires neuves, soit ouvrir leurs appels d’offres aux opérateurs spécialistes des constructions temporaires reconditionnées.

LE RECHAPAGE DES PNEUS MIS EN AVANT

Après la signature en 2017 d’un engagement pour la croissance verte des pneumatiques rechapables avec le ministère de la Transition Écologique et Solidaire et celui de l’Économie, des Finances, de l’Action et des Comptes publics, les professionnels de l’industrie du pneumatique ont accueilli avec beaucoup d’enthousiasme l’article 60 de la loi.

Celui-ci prévoit que, dans un souci de préservation des ressources naturelles, « les achats de pneumatiques effectués par l’Etat, les collectivités territoriales et leurs opérateurs portent sur des pneumatiques rechapés, sauf si une première consultation s’est révélée infructueuse. Les achats de pneumatiques portant sur les véhicules d’urgence ainsi que les véhicules militaires peuvent être dispensés des obligations prévues au présent article. »

Un taux minimum de biens issus du réemploi dans la commande publique

Enfin, l’article 58 de la loi prévoit, à partir du premier janvier 2021, un taux minimum de biens issus du réemploi, de la réutilisation ou intégrant des matières recyclées dans la commande publique.

« I – À compter du 1er janvier 2021, les biens acquis annuellement par les services de l’État ainsi que par les collectivités territoriales et leurs groupements sont issus du réemploi ou de la réutilisation ou intègrent des matières recyclées dans des proportions de 20 % à 100 % selon le type de produit.

II – En cas de contrainte opérationnelle liée à la défense nationale ou de contrainte technique significative liée à la nature de la commande publique, le pouvoir adjudicateur n’est pas soumis à l’obligation prévue au I.        
III. – Un décret en Conseil d’État fixe la liste des produits concernés et, pour chaque produit, les taux pouvant être issus du réemploi, de la réutilisation ou du recyclage correspondant à ces produits. »

Le BIM – Building Information Modeling – permet de créer la maquette d’un bâtiment afin de réaliser des simulations liées, notamment, à son efficacité énergétique ou structurelle. Le CIM – City Information Modeling – élargit cette approche à tout un quartier ou à toute une ville.

Le BIM est un processus collaboratif permettant à tous les acteurs d’un projet de construction de travailler ensemble, de la phase de planification jusqu’à la livraison, en passant par les phases de conception et de construction. Son principal intérêt porte sur la gestion et la maintenance des bâtiments. Grâce au BIM, il est en effet possible de connecter les maquettes à des systèmes de pilotage du cycle de vie complet du projet.

« Ce qui coûte le plus cher dans un bâtiment, c’est sa gestion et sa maintenance : entre 70% et 80% du coût global du projet. C’est la raison pour laquelle de plus en plus de maîtres d’ouvrage incitent, voire obligent, les maîtrises d’œuvre à travailler en BIM pour exploiter une ou plusieurs maquettes du bâtiment ‘tel que construit’ », déclare Emmanuel Di Giacomo, responsable développement des écosystèmes BIM pour l’Europe chez Autodesk 

Une fois le projet construit, les maquettes BIM peuvent d’ailleurs être connectées aux capteurs intégrés au bâtiment (suivi en temps réel des températures, déplacement des personnes, etc.) via des plateformes de gestion et de maintenance du bâtiment.

DES SIMULATIONS POUR VÉRIFIER LA QUALITÉ ET LA PERFORMANCE D’UN BÂTIMENT

« Grâce aux maquettes BIM, on peut réaliser des simulations et analyses telles que, par exemple, la consommation énergétique d’un bâtiment en fonction de plusieurs variables. On est alors dans une vérification de la qualité et de la performance du bâti », note Emmanuel Di Giacomo.

Si l’on rajoute la géolocalisation de la maquette, on peut connaître la position du soleil et récupérer les informations fournies par la station météo la plus proche : températures, vent…  Cela permet de calculer une multitude d’indicateurs, comme le coefficient de radiation solaire sur les façades, et d’anticiper les différentes performances du bâtiment ou la production d’énergie solaire et éolienne.

« Tout cela est rendu possible grâce au « i » du BIM qui signifie ‘Informations’. C’est grâce à ces informations qu’on peut réaliser des simulations pertinentes. Un mur, par exemple, est constitué de différentes couches : béton, plaque d’isolant, etc. A partir des caractéristiques techniques – comme les coefficients de résistance thermique ou structurelle – de chacun de ses composants, on peut procéder, de manière infinie, à des calculs qui s’appuient sur la règlementation locale comme, en France, la RT 2012 ou la RBR 2020 », complète Emmanuel Di Giacomo.

DU BIM AU CIM (CITY INFORMATION MODELING)

Mais les informations relatives au bâtiment ne sont pas les seules à être exploitées. Si on y rajoute celles liées aux infrastructures et systèmes (eau, énergie) et aux flux environnants (trafic piéton ou routier, transports en commun, déchets…), on passe alors du BIM au CIM (City Information Modeling).

Le CIM fournit ainsi une représentation 3D d’un bâtiment, d’un quartier, voire d’une plus large zone encore, dans leur contexte, dans leur environnement. Des simulations réalisées à partir de maquettes CIM permettent de mesurer, sur tout un quartier, l’intensité de l’utilisation énergétique par exemple. On peut ainsi mesurer le potentiel de rénovation des fenêtres ou simuler des scores énergétiques de bâtiments dans toute une ville.

Scores énergétiques hypothétiques de bâtiments à Paris © Autodesk InfraWorks
POUSSER LES SIMULATIONS À L’EXTRÊME : LES CRASH TESTS

Les maquettes CIM rendent également possibles des simulations de type « crash tests » pour observer comment se comporte un immeuble ou un quartier en situation extrême, comme par exemple lors d’un tremblement de terre ou d’une inondation.

Autodesk, avec son logiciel Infraworks et le module Flood Simulation, a ainsi pu simuler les effets d’une crue centennale de la Seine. Cette simulation a permis de déterminer quels seraient les arrondissements, les infrastructures (gares…) et même les édifices ou monuments les plus touchés.

Simulation d’une crue centenalle sur la seine – © Autodesk InfraWorks
SIMULER LE PARCOURS DU VENT ENTRE LES TOURS D’UN QUARTIER

Les simulations peuvent également porter sur l’anticipation de la radiation solaire ou le parcours du vent au sein d’un quartier. Concernant le vent, il est intéressant d’observer les circuits suivis entre les tours et les éventuels effets Venturi créés. Un effet Venturi se produit lorsque le vent traverse un passage étroit, ce qui provoque son accélération. En somme, l’objectif est d’éviter les effets créant un inconfort pour les personnes présentes sur les lieux.

Simulation d’un tunnel de vent et anticipation de la radiation solaire sur un quartier à Issy les Moulineaux © Autodesk
Simulation du parcours du vent dans le quartier de la Défense © Autodesk InfraWorks
MODÉLISER 54 HECTARES AUTOUR DE LA TOUR EIFFEL EN PRÉVISION DES JO DE 2024

Autre illustration de ce qu’il est possible de réaliser avec des maquettes BIM ou CIM : la modélisation de ce que deviendront, dès 2024, les 54 hectares entourant la Tour Eiffel. En réponse au concours international « Grand site Tour Eiffel » lancé par la Ville de Paris, quatre groupements d’entreprises ont proposé leur projet. Ce sont les architectes-paysagistes du groupement Gustafson Porter + Bowman qui ont remporté la mise.

Autodesk, partenaire de la Ville de Paris dans ce projet, a réalisé (avec les sociétés Gexpertise et WSP) la capture de l’intégralité de la zone selon une technologie « Scan to BIM ». La modélisation du site a été faite grâce à 350 Go de données et 194 nuages de points (données géomètres) relevés par scan et photogrammétrie. La zone couverte est située entre le Trocadéro, le Champ de Mars, le Pont de l’Alma et celui de Bir-Hakeim ainsi que le long du quai Branly.

1 000 BÂTIMENTS, 8 200 ARBRES, 25 STATUES ET 3 PONTS RECONSTITUÉS

Cette surface intègre à la fois les bâtiments, les aménagements routiers et piétonniers, les espaces verts, la Seine et le mobilier urbain. Un modèle simplifié de la zone a été édité sur la plateforme Autodesk Infraworks. C’est à partir de cette base que les candidats ont travaillé à l’élaboration de leur projet « Grand Site Tour Eiffel ».

« Tout y a été reconstitué : plus de 1 000 bâtiments, 8 200 arbres, 25 statues, 3 ponts, plus d’une centaine de lampadaires et de pièces de mobilier urbain. Nous pouvons même simuler la circulation autour de la Tour Eiffel ainsi que les flux de personnes au pied de l’édifice. Nous disposons également d’une vue en immersion qui correspond à la vue qu’aurait un utilisateur se promenant près de la Tour Eiffel », conclut Emmanuel Di Giacomo.

On le voit, le BIM et le CIM n’ont pas fini de nous étonner. Les possibilités de modélisation sont infinies, pour peu que les données soient disponibles. Cette disponibilité requiert une coopération entre toutes les parties prenantes d’un projet foncier ou d’urbanisme : municipalités mais aussi acteurs du BTP, de la voirie, des réseaux urbains, de la gestion des déchets doivent travailler main dans la main.

Visuel principal de l’article : © Autodesk InfraWorks

Afin de lutter contre la précarité énergétique sur son territoire, la Métropole du Grand Paris a lancé un Plan Bâtiment Durable métropolitain. Le premier en son genre.

La Métropole du Grand Paris compte plus de 425.000 foyers en situation de précarité énergétique, « soit près de 15% de la population*, dont les dépenses énergétiques dépassent 8% de leurs revenus », souligne la Métropole dans son Plan climat air énergie (PCAE). Une facture qui s’élève à 154 euros par mois en moyenne pour les ménages concernés, contre 115 euros pour l’ensemble des foyers de la Métropole. Ce plan a donc pour ambitieux objectif d’éradiquer la précarité énergétique du territoire métropolitain à l’horizon 2030.

Afin de poser les premières briques de ce projet, la Métropole du Grand Paris a organisé, début juillet 2019, sa première COP métropolitaine : une conférence sur la rénovation énergétique des logements dans la Métropole, à l’initiative de l’Agence parisienne du climat et en présence d’acteurs de l’Etat, de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise (Ademe), CDC Habitat, I4CE ou encore de la Fédération française du bâtiment Grand Paris. A cette occasion, et dans le cadre du PCAE métropolitain, la Métropole s’est engagée à lutter contre la précarité énergétique, avec la mise en place du premier Plan Bâtiment Durable métropolitain. Ce dernier repose sur différents leviers, allant de la mise en place d’une communauté de travail autour de la lutte contre la précarité énergétique, à la réalisation d’audits, en passant par un repérage plus efficace des foyers concernés.

VERS UN OBSERVATOIRE DE LA RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE

Le Département du Val-de-Marne, la Métropole du Grand Paris, les trois EPT du territoire Grand Orly Seine Bièvre, Grand Paris Sud Est Avenir et Paris Est Marne & Bois, les deux agences de l’énergie Alec-MVE et le CAUE 94, Enedis et GRDF, se sont ainsi engagés pour la mise en place d’une communauté de travail autour de la lutte contre la précarité énergétique. Son objectif : définir un accompagnement pour les ménages modestes, des modalités de financement pour l’accompagnement et les travaux, ainsi que des outils pour les professionnels recevant du public.

Par ailleurs, un observatoire métropolitain de la rénovation énergétique sera mis en place d’ici 2021. « Cet observatoire s’appuiera sur l’Observatoire du CoachCopro métropolitain dédié à la rénovation de la copropriété, piloté par l’Agence Parisienne du Climat », explique la Métropole. « Il constituera également un outil de ciblage des logements pour lesquels une intervention présente le plus fort effet levier, notamment en matière de lutte contre la précarité énergétique », ajoute-t-elle. L’élaboration d’une cartographie des acteurs et du repérage de la vulnérabilité à la précarité énergétique est aussi prévue, les départements de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne étant particulièrement exposés. Par ailleurs, une expérimentation de massification de la rénovation énergétique des résidences pavillonnaires sera notamment menée à Montfermeil et Sceaux.

QUELLES AIDES FINANCIÈRES ?

Toujours dans le cadre de ce Plan Bâtiment Durable, un dispositif de financement des audits globaux devrait être lancé dès 2021. « L’audit global constitue en effet un outil d’aide à la décision permettant de faire un bilan complet de l’état actuel du bâtiment sur le plan architectural et énergétique et de projeter des propositions de scénarios de travaux », souligne la Métropole. Il permet entre autres d’opter pour des solutions techniques et architecturales, et propose des conseils en ingénierie financière. Cette subvention de la Métropole se fera en collaboration avec les Agences locales de l’énergie et du climat. En décembre dernier, le financement de 700 audits de bâtiments scolaires et copropriétés a été acté avec une enveloppe d’un million d’euros.

Par ailleurs, d’ici fin 2022, la Métropole espère la signature de 500 éco-prêts à taux zéro (écoPTZ) « copropriétés », avec une standardisation des dossiers opérée courant de l’année 2020. Le Plan métropolitain prévoit enfin la création d’un fonds de rénovation et de sobriété énergétique, qui aura notamment pour objectif de sécuriser les ménages en situation de vulnérabilité ou de précarité énergétique en complétant les dispositifs de l’Anah, l’EcoPTZ et MaPrimeRenov’ (ex-Crédit d’impôt transition énergétique).

* La Métropole du Grand Paris compte 7,2 millions d’habitants dans 131 communes.

PCAE : https://www.metropolegrandparis.fr/fr/plan-climat-air-energie-metropolitain-76

Le conseil régional d’Ile-de-France a adopté, le 5 mars dernier, un plan régional pour la disparition des passoires thermiques dans le parc social.

« Le secteur résidentiel (…) est le secteur d’activité francilien le plus contributeur aux émissions de gaz à effet de serre : 34% des émissions totales en 2015 », expose la Région Ile-de-France dans son plan régional pour la disparition des passoires thermiques dans le parc social. Adopté le 5 mars dernier, celui-ci prévoit une subvention de 2.000 euros par logement rénové. Pourquoi se concentrer sur les logements sociaux ? La Région rappelle les aides existantes pour le parc privé, tel que le programme de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) « isolation pour 1€ ». « Les copropriétés en difficulté aidées par la Région font l’objet systématiquement d’une rénovation thermique », ajoute la Région. Mais depuis la fin des subventions Palulos en 2009 – prime d’Etat à l’amélioration des logements à usage locatif et à occupation sociale – les bailleurs sociaux recourent à l’autofinancement et « la capacité des opérateurs à mobiliser leurs fonds propres atteint ses limites », souligne la Région.

10 MILLIONS D’EUROS POUR RÉNOVER 25.000 LOGEMENTS EN QUATRE ANS

Ainsi, le dispositif voté entre dans le cadre du plan de mobilisation pour la transformation écologique de la Région Ile-de-France, qui prévoit 10 milliards d’euros d’investissements sur la période 2020-2024. L’ambition est de rénover 25.000 logements d’ici 2024, avec un budget de 10 millions d’euros. Ce dispositif concerne les logements sociaux conventionnés depuis plus de cinq ans, « qu’il s’agisse de logements ordinaires ou de logements constituant des résidences sociales, pensions de famille ou maisons relais, de résidences pour jeunes et apprentis ou foyers de jeunes travailleurs, et résidences pour étudiants », précise le plan régional. Les logements éligibles à ce dispositif doivent relever d’un niveau de consommation énergétique supérieur ou égal à 331 kWhEP/m²/an, soit les étiquettes F ou G du diagnostic de performance énergétique (DPE). Par ailleurs, ces logements devront « faire l’objet de travaux de rénovation thermique dont l’achèvement intervient dans un délai de trois ans à compter de l’attribution de la subvention », précise le règlement d’intervention du dispositif.

A noter que les structures d’hébergement d’urgence (centres de stabilisation, centres d’hébergement et de réinsertion sociale, centres d’hébergement d’urgence, centres d’accueil pour demandeurs d’asile…) et les structures dédiées à une population spécifique (personnes âgées, handicapées, foyers de travailleurs migrants…), sont exclues de ce dispositif.

ENCORE 54.000 PASSOIRES THERMIQUES DANS LE PARC SOCIAL

Le Schéma régional climat-air-énergie (SRCAE) prévoyait la réhabilitation de 35.000 logements sociaux par an entre 2012 et 2020. « Depuis 2009, 100.000 logements en Ile-de-France ont été rénovés avec un saut de deux à trois classes de l’étiquette énergie pour 75% des logements », indique la Région. Et d’après une enquête de l’Union sociale pour l’habitat d’Ile-de-France (Aorif) portant sur 78% du parc social, 20% du parc HLM possèdent encore une étiquette E, F ou G du DPE. « Près de 55.000 logements d’étiquettes F et G peuvent être qualifiés de passoires thermiques », conclut la Région. En dix ans, seules 1000 de ces passoires énergétiques ont été rénovées. En cause : le coût important d’une rénovation thermique d’ampleur. Une dépense minimum de 35.000 euros par logement, « l’obtention d’un niveau de performance supérieur pouvant nécessiter en moyenne 44.000 euros par logement et au-delà », souligne la Région. « Si ce rythme est maintenu, l’ensemble des passoires thermiques ne sera pas traité avant 50 ans, et la Région s’y refuse. »

Pour Pierre Deniziot, Délégué spécial chargé du Logement et du Handicap, « ce dispositif mis en place avec Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France, répond non seulement à une urgence écologique, mais s’inscrit également dans une action résolument sociale, indispensable pour permettre à des dizaines de milliers de locataires franciliens de bénéficier de logements confortables. »

En octobre 2018, les Capeb d’Ile-de-France, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) Ile-de-France, et le gouvernement, ont lancé le portail numérique Capecobat.fr, destinée à accompagner les TPE du bâtiment dans la rénovation énergétique des logements sociaux en Ile-de-France.

Les poubelles connectées fleurissent dans nos centres-villes. Incitant même les plus mauvais trieurs à y déposer leurs déchets, elles facilitent également leur collecte. Quelques exemples de leur déploiement dans le Grand Paris.

En 2017, selon l’Observatoire des déchets d’Ile-de-France (Ordif), les Franciliens ont produit 463 kg de déchets ménagers et assimilés par habitant. Alors que ce chiffre est en hausse de 4kg par habitant par rapport à 2015, un nouvel acteur qui pourrait améliorer et faciliter la gestion des déchets, fait son entrée dans l’équation : la poubelle connectée. Automates qui récompensent le geste citoyen, conteneurs solaires avec compacteur intégré… Certaines communes du Grand Paris se sont déjà tournées vers ces solutions afin d’améliorer la gestion des déchets sur leurs territoires.

COMPLÉTER LA COLLECTE DU SERVICE PUBLIC

C’est le cas de la ville de Pantin en Seine-saint-Denis par exemple, qui vient tout juste d’inaugurer, vendredi 13 mars dernier, une machine Lemon Tri près de la bouche de métro Eglise de Pantin (ligne 5). « Cette machine est paramétrée pour récupérer les bouteilles en plastique et les canettes, elle est équipée d’un système de récompense par bons d’achat, valables dans les commerces volontaires du quartier », explique Alice Maréchal, responsable de la communication de Lemon Tri. Cette entreprise, dont la majorité des clients sont des sociétés privées –  supermarchés, centres commerciaux ou complexes sportifs –  se voit de plus en plus abordée par des collectivités à la recherche de partenariats. « Il y a un enjeu important sur le gisement de déchets hors foyer pour les collectivités, notamment en ce qui concerne les emballages de boisson », souligne Alice Maréchal. Difficile d’évaluer le tonnage de ce gisement, mais les bouteilles et canettes consommées en dehors du foyer sont en grande majorité jetées dans les corbeilles de ville et ne seront donc jamais valorisées. Il s’agit pour les collectivités territoriales de « trouver une solution attrayante et ludique pour booster la collecte de ces emballages dans la rue », estime la responsable communication de Lemon Tri. La machine, résistante au vandalisme et aux intempéries, est équipée de capteurs qui reconnaissent les codes-barres et d’un système intégré de tri selon la nature de l’emballage. A raison de 30 emballages par minute, l’automate Lemon Tri a une capacité de stockage de 2.000 emballages. L’entreprise laisse le choix aux collectivités de prendre en charge la gestion de ce gisement supplémentaire, « avec l’enjeu de préserver le tri à la source réalisé par la machine », souligne Alice Maréchal. Dans le cas de Pantin, c’est Lemon Aide, filiale d’insertion de Lemon Tri, qui gère la collecte. Un investissement compris entre 5.000 et 8.000 euros par an pour la machine et l’intégralité du service.

La ville de Colombes dans les Hauts-de-Seine, a quant à elle déployé quinze conteneurs Bigbelly depuis août dernier. Ces poubelles, développées par l’entreprise Connect Sytee, sont équipées de capteurs photovoltaïques et d’un compacteur intégré. Alimenté par l’énergie solaire, celui-ci permet d’optimiser la collecte en divisant le nombre de passages des camions par cinq. Ces corbeilles communiquent également le taux de remplissage, les pannes, les blocages, ou encore l’état de la batterie. Colombes a investi 100.000 euros pour l’achat de 15 Bigbelly, qui viennent compléter les 800 corbeilles municipales. La ville de Paris en teste également 450 depuis début 2020.

FACILITER LE DÉPLOIEMENT DE LA CONSIGNE

Alors que la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, adoptée fin janvier dernier, prévoit le déploiement progressif d’un dispositif de consigne pour les emballages de boisson en plastique à l’horizon 2023, ce type de partenariat public-privé pourrait tendre à se développer. « On entend les craintes des collectivités en terme d’équilibre financier, mais ces déchets qui sont mal collectés doivent être valorisés de façon urgente, et les poubelles connectées se présentent comme un dispositif complémentaire à la collecte du service public, non comme un substitut », estime Alice Maréchal. « Il s’agit d’identifier avec les collectivités, les zones où les taux de tri sont les plus faibles pour y déployer ces poubelles », poursuit-elle. Et surtout, selon elle, il est important de « soigner l’incitation au geste de tri, avec des récompenses et bons d’achat par exemple, afin de mobiliser des personnes qui n’utilisent pas forcément les dispositifs classiques ».

Dans quatre ans, la France accueillera les Jeux Olympiques et la capitale s’y prépare en lançant des chantiers aux objectifs environnementaux ambitieux. L’occasion pour le secteur du BTP de développer de nouveaux procédés durables.

L’organisation des Jeux Olympiques de 2024 à Paris va mobiliser 150.000 emplois, existants ou supplémentaires, dont 11.700 dans le secteur du BTP, selon une étude présentée par le Comité d’organisation des Jeux Olympiques (Cojo) en avril 2019. Conduite et encadrement de chantiers BTP, travaux publics et béton, maçonnerie, charpente et second œuvre en bâtiment, logistique et transports, ou encore conducteurs d’engins, seront nécessaires à la construction des 5% d’infrastructures non existantes pour accueillir les épreuves sportives.

Le secteur doit s’adapter aux exigences environnementales du Cojo, qui vont dans le sens de la politique nationale, avec la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) qui fixe l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050, ou encore le plan de rénovation énergétique qui prévoit la rénovation de 500.000 logements en cinq ans. La société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo) présente en effet ces JO comme devançant la SNBC et étant les premiers à respecter l’Accord de Paris.

UN VILLAGE OLYMPIQUE VISIONNAIRE

Trois équipements doivent être construits spécifiquement pour les jeux : le village olympique et paralympique à Saint-Denis, l’Ile-saint-Louis et Saint-Ouen (Seine-saint-Denis), le village des médias à cheval sur Le Bourget et Dugny (Seine-saint-Denis), et le centre aquatique à Saint-Denis. En novembre dernier, la Solidéo a dévoilé les lauréats pour la construction du village olympique : le groupement Caisse des dépôts et consignations (CDC), CDC habitat et Icade Promotion concevra le secteur D, d’une surface de 48.000 m², et le groupement Nexity SA, Eiffage Immobilier Ile-de-France sera en charge du secteur E, d’une surface de 52.000m². Ainsi 2.200 logements vont être construits en bois et béton bas carbone, avec l’objectif de réduire de 40% l’empreinte carbone des bâtiments. Sur le secteur E par exemple, Nexity SA et Eiffage Immobilier IDF proposent un mode de construction mixant bois et béton bas carbone, avec un bois 100% d’origine française, et un quartier à 80% autonome en énergie grâce à un système de stockage par batteries Zinc-Air. « Ce village sera la vitrine de la France, de son savoir-faire et de ses ambitions durables, inclusives et responsables. Il va permettre d’inscrire notre pays et la Seine-Saint-Denis dans l’exemplarité environnementale », estime la Solidéo. Le village verra donc se hisser un bâtiment construit à 100% à partir de matière recyclée – dont 50% de réemploi – ou encore un bâtiment avec zéro déchet d’exploitation. Des centrales à béton seront implantées directement sur le site afin de supprimer des flux de camions. De même, des plateformes de réemploi stockeront et trieront sur place, des matériaux issus du BTP.

Il s’agira également d’aménager les 9 hectares de terrain sur lesquels seront construits ces villages, de façon à favoriser la biodiversité et à privilégier la création d’îlots de fraîcheur. Le but étant de construire un quartier adapté aux changements climatiques, dans le cadre d’une future ville résiliente.

DES PROJETS VECTEURS D’AVANCÉES DANS LE BTP

Au-delà du village olympique, qui sera ensuite reconverti en écoquartier de logements, bureaux et commerces, les entreprises de BTP devront s’atteler à la rénovation ou réaménagement de multiples sites. Pour toutes ces opérations, la Solidéo mise sur la voie fluviale pour l’approvisionnement des matériaux de construction, l’acheminement de certains matériels tels que les barrières et gradins, et pour l’évacuation de 400.000 m3 de déblais. Une Seine qui devrait par ailleurs (enfin) réaliser le rêve d’accueillir des baigneurs pour des épreuves sportives ! Un projet d’assainissement financé par l’agence de l’eau Seine-Normandie et la société Haropa Ports de Paris, vise notamment à installer un réseau de collecte des eaux usées des 300 péniches du bief parisien.

Sujets à discorde, les Jeux Olympiques de Paris 2024 permettent néanmoins aux entreprises de BTP de proposer et développer des projets bas carbone de grande ampleur. L’occasion de révolutionner le process de construction et de faire évoluer les modes d’acheminement et d’évacuation. C’est en tout cas ce que conclut une étude de l’Atelier parisien d’urbanisme publiée en janvier 2019, considérant les JO 2024 comme « des accélérateurs d’innovations durables pour la logistique urbaine ».

– Lien vers le rapport du Cojo (avril 2019) : https://www.paris2024.org/app/uploads/2019/04/04042019_DP_Jeux-de-2024-Des-opportunites-pour-tous.pdf

– Lien vers étude Apur (janvier 2019) : https://www.apur.org/fr/nos-travaux/jeux-paris-2024-accelerateurs-innovations-durables-logistique-urbaine )