Mercredi 24 juin, l’association Les Canaux réunissait le temps d’une conférence autour du thème « Bâtir durable » des acteurs de l’économie circulaire, mobilisés autour de la question du réemploi et de l’inclusion sociale qu’ils placent au cœur de leurs activités sur le terrain. L’occasion notamment de questionner les normes environnementales, la viabilité des projets durables ou encore le changement de paradigme lié au contexte sanitaire et économique sans précédent.

Comment concevoir la ville de demain ? Pour les nombreux acteurs de la fabrique de la ville, la question est sur le tapis depuis de longues années. À l’aune de l’actuelle crise économique, elle est dorénavant devenue nécessaire et teintée d’urgence, comme l’ont rappelé les invités de la conférence « Bâtir durable ». Organisée dans le cadre du festival « L’été de l’économie engagée » par l’association Les Canaux, un lieu impulsé par la Mairie de Paris et dédié aux solutions solidaires et innovantes, la rencontre animée par l’activiste du climat Audrey Pulvar a permis de soulever des questions aussi diverses que la place de l’esthétique dans le réemploi des matériaux, la profitabilité du « bâtir durable », la question de l’emploi inclusif ou encore celle du désormais nécessaire changement de perspective. Après un rappel du rôle fondamental des villes dans la consommation des ressources et des émissions de gaz à effet de serre, et donc de leur responsabilité liée à la préservation de la biodiversité et l’atténuation du réchauffement climatique, les intervenants ont notamment évoqué la problématique des normes environnementales. Pour Julie Benoit, de la coopérative d’intérêt collectif Bellastock, dans un monde très fragmenté et sectoriel « il est urgent de repenser la culture réglementaire de la norme, afin de recréer un lien de confiance entre les divers acteurs et de laisser leur chance à des techniques de construction peu courantes et cependant stables et performantes ». Une nécessité de réinstaurer un dialogue également soulignée par Clara Simay pour « favoriser la transition et créer une nouvelle horizontalité », donnant l’exemple du partenariat souvent réussi entre architectes et maîtres d’œuvre dans le domaine de la restauration du patrimoine. L’architecte et co-fondatrice de la SCOP Grand Huit a par ailleurs insisté sur l’immense opportunité proposée par l’économie sociale et solidaire (ESS) de créer des ponts entre les structures et acteurs, privés comme publics, en tant que « levier pour combattre l’économie linéaire ». De fait, la ville de demain ne pourra se construire qu’en repensant le bâti, la matière, en valorisant l’existant et en repensant son impact global. « Dans une forme de comptabilité intégrée, le capital financier, environnemental et humain est à réévaluer pour repenser l’espace commun », a par ailleurs précisé François-Michel Lambert, député écologiste et président de l’Institut national de l’économie circulaire. Appelant à « changer de lunettes » pour appréhender le bâti de demain, les quatre intervenants ont surtout rappelé que la ressource, l’espace habitable et arable n’étaient pas illimités et qu’à ce titre, « bâtir durable » signifiait surtout trouver des solutions autour d’éléments structurants déjà existants.

Du 26 juillet au 11 août 2024, la Métropole accueillera les Jeux Olympiques et Paralympiques. À l’occasion de ce plus grand rassemblement sportif mondial, qui prévoit de réunir 206 nations et 4 milliards de téléspectateurs, Paris 2024 endosse une responsabilité inédite : celle d’organiser une compétition durable, entre sobriété et innovation, au service du sport dans les territoires.

Entretien avec Georgina GRENON, directrice de l’excellence environnementale de Paris 2024
Propos recueillis par Hélène IMATTE

Les Jeux de Paris 2024 seront les premiers entièrement neutres en carbone. C’est l’engagement que nous avons pris et dont nous assumons pleinement la responsabilité. Si nous voulons continuer à organiser de grandes célébrations sportives, nous devons réussir ce défi. Ce souci de durabilité est directement aligné sur les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. C’est LA grande cause de notre époque et nous sommes déterminés à contribuer à apporter des solutions.

Le poste que j’occupe a été créé pour insuffler cet élan de manière transversale. En interne, je travaille avec l’ensemble des directions pour créer la dynamique indispensable à la réalisation de nos objectifs. Nous travaillons ensemble depuis déjà un an et continuerons les 4 années qui viennent pour faire de Paris 2024 des Jeux qui marqueront une rupture en matière d’ambition environnementale.

Parvenir à la neutralité carbone est un énorme défi car cela implique l’ensemble des acteurs publics et privés associés à l’événement ainsi que les millions de spectateurs qui viendront y assister. Pour le relever, Paris 2024 a mis au point une méthode inédite imaginée dès le début du projet et directement implémentée à la stratégie et aux opérations globales. C’est un véritable changement de paradigme que nous proposons. Nous avons défini un objectif ambitieux d’émissions carbone et mis en place des mesures de réduction et de compensation couvrant la période avant, pendant et après les Jeux.

Partant du constat que les Jeux précédents portaient un impact de 3,5 millions de tonnes de carbone émises en moyenne,  nous avons  défini pour Paris 2024 un objectif d’1,5 million de tonnes, structuré en 3 pôles : les transports, les constructions et les opérations concrètes liées à la compétition. Les émissions résiduelles qui ne pourront être évitées seront quant à elles compensées, afin d’assurer la neutralité carbone.

Le premier atout est l’utilisation de 95% des infrastructures existantes ou temporaires dans le Grand Paris. Paris 2024 construira donc très peu et ce qui sera construit est pensé pour être bas-carbone. Concernant les autres pôles, nous entendons mobiliser tous les acteurs pour exiger un niveau d’innovation très élevé et maîtriser notre impact carbone, dans la limite de nos objectifs fixés. Ainsi, Paris 2024 favorisera par exemple la mobilité propre pour le transport de la famille olympique, mettra en place des incitations à l’usage des transports en commun, proposera de la restauration durable et limitant le plastique ainsi que le recours à 100% d’énergie renouvelable sur les sites.

village olympique – © Paris2024

A l’échelle des Jeux, chaque étape est importante car nous pensons des projets qui doivent répondre aux enjeux et aux attentes de 2024.

Certains projets nous incombent directement. Par exemple, la conception du Village olympique est pensée comme un éco quartier. Il y aura près de 3 000 logements pour les habitants, les étudiants, les seniors, des logements sociaux et aussi des commerces, crèches…  Nous partons du principe que les bâtiments devront être le plus écologiques possible. Le Village olympique répond donc à un cahier des charges bas-carbone avec une construction en bois et BBC (bâtiment basse consommation), l’utilisation de matériaux recyclés et issus de filières locales pour réduire l’empreinte carbone etc.

Pour d’autres, nous avons peu d’emprise comme la venue des spectateurs en avion par exemple, et nous en prenons la responsabilité. Durant les quatre ans à venir, nous devons définir les meilleurs comportements à adopter en matière de mobilité et mettre en place des modes de compensation carbone. Pour la réussite des Jeux, nous devons tous faire preuve d’innovation et de créativité.

Nous cherchons à identifier les solutions d’avenir dans tous les domaines. Les sujets varient en fonction des phases d’avancement du projet. Pour l’heure, nous travaillons notamment sur le choix des matériaux utilisés pour les constructions et sur les solutions bas-carbone. Pour prendre un exemple concret, dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir initié par l’Etat, nous avons lancé un appel à projets pour trouver des solutions de remplacement aux groupes électrogènes diesel (très émetteurs) et viser 100% d’électricité renouvelable pour alimenter les Jeux.

Outre les innovations purement technologiques, Paris 2024 entend également pousser l’innovation sociale : donner une place prépondérante à l’économie sociale et solidaire pour faire participer les territoires (notamment à travers notre travail avec l’association Les Canaux), favoriser les circuits courts et locaux, intégrer pleinement la question du handicap en la contractualisant dans nos opérations, travailler avec des éco entreprises comme celles du réseau PEXE pour créer des ponts entre les projets, les structures et les pratiques. De fait, notre méthodologie se doit d’être innovante dans la manière d’aborder les enjeux et de trouver des réponses novatrices.

Au-delà des Jeux, les solutions que nous mettons en place n’ont pas vocation à rester entre nos mains et constituent une forme de pré-héritage des techniques et approches disponibles pour le plus grand monde. Dans cette optique, c’est en innovant que nous permettrons à nos idées d’accélérer la transition écologique.

S’il y a bien un adage contre lequel je m’insurge régulièrement, c’est celui qui prétend que faire plus vert est forcément plus cher ! Toutes nos équipes s’activent avec engagement pour démontrer qu’on peut très bien relever le pari de respecter l’environnement, tout en faisant émerger des solutions pleines de sens, et tout l’écosystème vertueux que nous animons autour de l’événement le prouve chaque jour encore plus. Nous comptons en effet maîtriser au maximum nos dépenses : en construisant moins d’infrastructures, on dépensera tout simplement moins et il nous faudra être créatifs, faire preuve d’intelligence collective pour limiter au mieux les coûts engagés. La crise sanitaire et économique que nous traversons n’a fait que confirmer l’approche que nous menons depuis les prémices de la candidature et Paris 2024 entend fermement tenir et maintenir ses engagements en faveur de Jeux durables et engagés pour la préservation de la planète.

Depuis son origine, le projet de Paris 2024 propose des Jeux en rupture avec les éditions précédentes et déterminés par une forte ambition environnementale. La crise a renforcé l’importance de cet engagement et nous pousse à faire encore plus. Le risque sanitaire vient désormais s’ajouter à notre cahier des charges et nous avons la chance de disposer encore de quatre ans pour y travailler. À ce titre, Paris 2024 entend faire émerger des réponses cohérentes pour faire correspondre respect de l’environnement et sécurité sanitaire, afin de préserver notre santé comme celle de la planète. Nous pilotons les risques pour les anticiper au maximum et comptons bien apprendre des prochains Jeux de Tokyo pour continuer à innover. Sur ces enjeux, nous avons la chance de partager avec tous nos interlocuteurs, Ville de Paris, Métropole du Grand Paris, Région Ile-de-France, une même approche alliant maîtrise des coûts et respect de nos ambitions environnementales. Paris 2024 se veut exemplaire en la matière et nous sommes tous 100% dédiés à cet objectif commun.

Colombes, Saint-Ouen, Saint-Denis, Aubervilliers, Champigny-sur-Marne… Les municipalités dont le maire sortant n’est pas réélu sont nombreuses dans la Métropole. Gros plan sur les principaux “passages de témoin”.

Un certain nombre de municipalités ont changé de mains lors du second tour des municipales. A Colombes, c’est l’alliance emmenée par l’écologiste Patrick Chaimovitch (Europe-Ecologie-Les Verts) qui l’emporte (53,20%) face à une alliance LR-LREM formée par la doyenne des maires des Hauts-de-Seine, Nicole Goueta (46,80%), âgée de 82 ans. Nicole Goueta a été maire de Colombes à deux reprises (de 2001 à 2008 et de 2014 à 2020). Elle avait fait alliance avec son ancien adjoint, Sébastien Perrotel (Union Des Démocrates et Indépendants / UDI), qui avait été investi par LREM.

A Saint-Ouen, Karim Bouamrane (PS, EELV), avec sa liste « Réinventons Saint-Ouen », l’emporte avec 38,08% devant l’UDI (Union Des Démocrates et Indépendants) William Delannoy (32,52%) et le DVG Denis Vemclefs (29,38%). Karim Bouamrane n’avais pas réussi à s’entendre avec l’autre liste de gauche dans ce scrutin, celle de Denis Vemclefs qui avait fait alliance avec l’ancienne maire de la ville, Jacqueline Rouillon, dans une liste soutenue par le PCF et La France Insoumise.

Parmi les plus importantes villes dont le maire sortant n’a pas été réélu, on trouve également Saint-Denis et ses presque 112 000 habitants. Le candidat socialiste Mathieu Hanotin remporte en effet la mairie avec 59,04 % des voix, contre le maire communiste sortant Laurent Russier (40,95 %).

A Aubervilliers, l’UDI Karine Franclet rafle elle aussi la mairie au PCF. Elle devance Sofienne Karroumi (DVG) et Mériem Derkaoui (PCF). Meriem Derkaoui avait succédé en 2016 à Pascal Beaudet, démissionnaire. Pascal Beaudet avait été élu maire lors des municipales de 2014 avec 45,73% des voix avant de démissionner de ses fonctions en 2016.

A Champigny-sur-Marne, autre bastion communiste, Laurent Jeanne (soutenu par Les Républicains, le Modem et l’UDI / Union Des Démocrates et Indépendants) remporte les élections (54,03%) face au communiste Christian Fautré (45,96%), qui était soutenu par le PCF, le Parti Socialiste, Europe-Ecologie-Les Verts et La France Insoumise.

Grâce à son candidat Pierre Garzon, le PCF reconquiert néanmoins Villejuif, une municipalité qu’il avait perdue en 2014. Le second tour a vu s’affronter le maire sortant, Franck Le Bohellec (Les Républicains), arrivé en tête du 1er tour avec 42,95 % des voix, et la liste menée par le communiste Pierre Garzon (26,29 % au premier tour), résultat d’une fusion avec celle d’Europe-Ecologie-Les Verts de Natalie Gandais (9,69 % au premier tour), d’Alain Weber (Parti Socialiste, 9,41 % au premier tour) et de La France Insoumise (4,87 % au premier tour).

Autre satisfaction pour le PCF, à Bobigny, où le candidat communiste Abdel Sadi, arrivé en tête au premier tour, devient maire avec 55,27% des voix, devant Christian Bartholmé (Union Des Démocrates et Indépendants / UDI) avec 44,72% des suffrages.

A Bondy, Stephen Hervé (Les Républicains) remporte la mairie avec 50,36% des voix, devant la maire sortante socialiste Sylvine Thomassin (49,63%).

Enfin, à Levallois-Perret, Agnès Pottier-Dumas, ancienne collaboratrice et ex-favorite de Patrick Balkany, obtient 45,82% des voix lors du scrutin de ce dimanche 28 juin 2020, devant le DVD Arnaud de Courson (33,24%) et Lies Messatfa (20,92%), Président de Levallois d’Avenir.

Réunissant 150 citoyens français, tous tirés au sort, la Convention Citoyenne pour le Climat a livré ses recommandations pour réduire d’au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990).

Après 9 mois de travail, d’auditions et de débats, les 150 membres de la Convention Citoyenne pour le Climat ont rendu leurs propositions au gouvernement. Le champ de leurs préconisations va des transports à nos modes de consommation et de production, en passant par le bâtiment, l’agriculture et… la constitution française.

La première thématique sur laquelle la Convention Citoyenne a travaillé concerne les transports. Les déplacements de personnes et le transport des marchandises représentent plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. Ce total est partagé entre les voitures (52 % du total), les poids lourds (19 %), les véhicules utilitaires (19 %) et les vols intérieurs (4 %).

La première visée est la voiture individuelle. La Convention Citoyenne propose, pour inciter les Français à utiliser des moyens de transports doux ou partagés, notamment pour les trajets domicile-travail, de généraliser et d’améliorer le forfait mobilité durable, prévu par la récente loi d’orientation des mobilités mais aussi de réformer le système d’indemnité kilométrique de l’impôt sur le revenu. Et pour encourager les jeunes à prendre le vélo dès le plus jeune âge, une proposition concerne la création d’un système de prêt de vélos basé sur le modèle du prêt des livres scolaires.

Afin d’encourager l’usage des modes déplacement alternatifs à la voiture, la Convention préconise d’interdire les centres villes aux véhicules les plus émetteurs de gaz à effet de serre, d’augmenter les montants du Fonds Vélo de 50 à 200 millions d’euros par an pour financer des pistes cyclables et de généraliser les aménagements de voies réservées aux véhicules partagés et aux transports collectifs sur les autoroutes et voies rapides.

Et, mesure phare, la réduction des émissions des gaz à effet de serre sur les autoroutes et les voies rapides, via la limitation de la vitesse sur autoroute à 110 km/h, est demandée par la Convention Citoyenne. “Les avantages pour le climat sont réels puisqu’ils permettent une réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre en moyenne sur ces transports. Ils permettent également d’économiser du carburant, de faire baisser la mortalité et les dommages corporels sur les routes et peuvent contribuer à réduire les bouchons”, peut-on lire sur le site de la Convention Citoyenne pour le Climat.

Les émissions de gaz à effet de serre issues du secteur résidentiel et tertiaire représentent 16% des émissions nationales. Les recommandations de la Convention Citoyenne visent à les réduire par 2 en 2040. Rendre le bâti, et notamment le logement, plus performant représente donc un gisement essentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

L’ambition de la Convention est de passer d’une rénovation par petits gestes et à petits pas, à une rénovation globale (toit, isolation, fenêtre, chauffage et ventilation mécanique contrôlée [VMC]), en multipliant par trois le rythme des rénovations dans un souci de justice sociale.

Cela représente environ 20 millions de logements à rénover de façon globale dont environ 5 millions de passoires thermiques, des bâtiments tertiaires et publics d’ici à 2030. Outre ses effets sur le climat, ce grand chantier national est créateur d’emplois, réduit la facture énergétique, améliore le confort des logements (au-delà de la consommation énergétique) et réduit les dépenses de santé.

Concrètement, la Convention Citoyenne pour le Climat préconise de :

  • Contraindre les propriétaires occupants et bailleurs à rénover de manière globale.
  • Rendre obligatoire la rénovation énergétique globale des bâtiments d’ici 2040
  • Obliger le changement des chaudières au fioul et à charbon d’ici à 2030 dans les bâtiments neufs et rénovés.
  • Rendre obligatoire la rénovation énergétique globale des bâtiments d’ici 2040
  • Déployer un réseau harmonisé de guichets uniques.
  • Rendre obligatoire la rénovation énergétique globale des bâtiments d’ici 2040
  • Mettre en place un système progressif d’aides à la rénovation, avec prêts et subventions pour les plus démunis.
  • Rendre obligatoire la rénovation énergétique globale des bâtiments d’ici 2040
  • Former les professionnels du bâtiment pour répondre à la demande de rénovation globale et assurer une transition de tous les corps de métier du BTP vers des pratiques écoresponsables.

Réduire de 40 % les émissions de GES d’ici 2030 implique de repenser en profondeur notre manière de consommer. “En 2019, l’empreinte carbone moyenne d’un Français est de 11,2 tonnes alors qu’elle devrait être de 2 tonnes par an pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris”, rappelle le site de la Convention Citoyenne pour le Climat.

Cela signifie deux choses : moins et mieux consommer. Moins consommer permet d’utiliser moins de ressources naturelles, moins d’énergie et générer moins d’émissions de GES dans la fabrication, l’acheminement, la distribution et l’utilisation des produits et loisirs de consommation, pour produire moins de déchets. Mieux consommer passe par une meilleure information sur les produits que nous achetons afin de choisir ceux qui sont les moins émetteurs de gaz à effet de serre.

Pour cela, la Convention Citoyenne suggère de rendre obligatoire l’affichage des émissions de gaz à effet de serre dans les commerces et lieux de consommation ainsi que dans les publicités pour les marques, de développer puis de mettre en place un score carbone sur tous les produits de consommation et les services, d’interdire de manière la publicité des produits les plus émetteurs de GES, sur tous les supports publicitaires et de réguler la publicité pour limiter fortement les incitations quotidiennes et non-choisies à la consommation.

Afin de limiter le suremballage et l’utilisation du plastique à usage unique, le développement du vrac et des consignes dans les lieux de distribution est préconisé par la Convention. Concernant le vrac, c’est toute la chaîne agroalimentaire qui serait concernée, depuis les producteurs jusqu’à la grande distribution, en passant par les centrales d’achat.

Concernant la mise en place consigne, la Convention recommande d’imposer aux distributeurs la mise en place d’un système de consigne rémunérée (en numéraire ou en bon d’achat) pour les contenants réutilisables en verre et ce, dès 2021, selon le calendrier suivant :

  • Obligatoire pour les grandes surfaces dès 2021 ;
  • Obligatoire pour les moyennes surfaces dès 2022 ;
  • Obligatoire pour les petites surfaces dès 2023.

Concernant l’aspect “production”, la Convention demande que la longévité des produits soit augmentée. Cela passe notamment par le respect de la loi sur l’interdiction de l’obsolescence programmée.

La Convention prône également de rendre obligatoire la possibilité de réparation des produits manufacturés vendus en France ainsi que la disponibilité des pièces détachées d’origine pendant une durée définie. Elle préconise aussi de rendre obligatoire le recyclage de tous les objets en plastique dès 2023, de supprimer tous les plastiques à usage unique dès 2023 et de développer le recyclage des autres matières.

Concernant les obligations comptables, la convention est favorable à l’ajout d’un bilan carbone dans le bilan de toutes les structures qui doivent en produire un. Concernant les marchés publics, la Convention met en avant un renforcement des clauses environnementales dans les appels d’offres.

Notamment, la Convention souhaite rendre la clause environnementale obligatoire et l’étendre à tous les marchés publics. Aujourd’hui, cette clause existe (notamment au sein du plan national d’action pour les achats publics durables) mais elle n’est pas obligatoire et ne concerne pas l’ensemble des marchés publics.

La Convention Citoyenne pour le Climat rappelle que les émissions de gaz à effet de serre issues de l’alimentation des ménages en France s’élèvent à 163 Mt d’eqCO2, soit 24 % de l’empreinte carbone des ménages en France. Les émissions du secteur agricole et alimentaire doivent être divisées par deux pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050.

Le premier axe est, selon la Convention, d’engager la restauration collective vers des pratiques plus vertueuses, en se donnant les moyens de mettre en œuvre la loi EGalim, en la renforçant et en l’étendant. La loi EGalim est issue des États généraux de l’alimentation lancés en 2017. PRomulguée en octobre 2018, elle vise à rendre accessible une alimentation saine et durable à tous les consommateurs.

Elle prévoit notamment que les services de restauration scolaire et universitaire, les services de restauration des établissements d’accueil des enfants de moins de six ans, des établissements de santé, des établissements sociaux et médico-sociaux et des établissements pénitentiaires dont elles ont la charge doivent proposer, au 1er janvier 2022, au moins 50% de produits de qualité et durables, dont au moins 20% de produits biologiques.

Le second axe le développement des circuits courts, notamment en utilisant le levier de la commande publique pour valoriser les produits issus de productions locales, durables et de saison.

Nous avons conscience que les productions locales ne sont pas forcément les plus performantes d’un point de vue environnemental. Nous tenons néanmoins à l’idée de circuits courts territorialisés, car c’est en rapprochant les consommateurs et les producteurs qu’il est possible de changer l’ensemble de notre système alimentaire. Cette proposition est notamment importante pour les territoires et collectivités d’Outre-Mer qui importent un nombre important de leurs denrées alimentaires.Le recours au circuit court sera un levier pour rendre leur alimentation plus faiblement émettrice de gaz à effet de serre”, déclarent les membres de la Convention sur le site dédié à leurs propositions.

Le troisième axe concerne la poursuite des efforts sur la réduction du gaspillage alimentaire en restauration collective et au niveau individuel. “Nous proposons, pour que les efforts de la restauration collective se poursuivent, de réguler les portions distribuées dans les collectivités en fonction de la consommation réelle : cela passe par la réflexion sur la réécriture du décret de 2011 sur les grammages. Nous proposons également de réduire le tonnage à partir duquel le tri sélectif et le recyclage sont obligatoires de 10 à 5 tonnes par an : depuis le 1er janvier 2016, les restaurateurs qui produisent au moins 10 tonnes de biodéchets par an – soit environ 200 à 240 couverts par jour – ont l’obligation de procéder à leur tri sélectif et à leur recyclage”, notent les membres de la Convention.

Le quatrième axe concerne le développement des pratiques agroécologiques, l’objectif étant d’atteindre 50% d’exploitations en agroécologie en 2040. Concernant les engrais azotés, la Convention préconise d’augmenter la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP) et de diminuer l’usage des pesticides avec une interdiction des produits CMR (cancérigènes, mutagènes, rétroproducteurs), de réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques de 50% d’ici 2025 et d’interdire les pesticides les plus dommageables pour l’environnement en 2035.

La Convention Citoyenne propose enfin une modification de la Constitution du 4 octobre 1958 afin de mieux garantir, dans le texte fondamental de la République française, la lutte contre le dérèglement climatique et pour le respect de l’environnement devenus des enjeux vitaux pour le système vivant.

L’objectif de cette modification se décline en deux ambitions :

  • Une ambition emblématique, en actant la lutte contre le dérèglement climatique comme un objectif de la République ;
  • Une volonté affirmée de mobiliser la nation en ce sens, par un engagement renforcé dans des actions effectives contre le dérèglement climatique, notamment avec la création d’outils concrets et opérationnels pour toutes les instances et administrations publiques.
Jeudi 18 juin dernier, sont parues au Journal officiel, deux ordonnances qui ont pour objectif de simplifier la planification territoriale.

Présentées en Conseil des ministres mercredi dernier, l’ordonnance relative à la modernisation des schémas de cohérence territoriale (Scot) et l’ordonnance sur la rationalisation de la hiérarchie des normes applicable aux documents d’urbanismes, ont été publiées au Journal officiel du 18 juin. L’élaboration de ces deux ordonnances prévues dans la loi Elan, a été précédée « d’une importante concertation menée en 2018 et en 2019 auprès des services déconcentrés de l’Etat, des collectivités territoriales et sur la plateforme web ‘Planifions nos territoires ensemble’ », ont rappelé la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, et son ministre chargé de la ville et du logement, Julien Denormandie.

https://twitter.com/Territoire_Gouv/status/1275069458382389249

L’ordonnance relative à la modernisation des Scot prévoit d’en alléger le contenu et la structure, « pour le rendre plus lisible et faciliter la mise en œuvre du projet territorial », souligne le ministère. Pour rappel, les schémas de cohérence territoriale ont été créés par la loi Solidarité et renouvellement urbains (SRU) de 2000. A l’origine, ce sont des documents de planification stratégique à long terme, à l’échelle intercommunale. Cette nouvelle ordonnance « tire les conséquences de la création du schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires et du transfert de compétence en matière de plan local d’urbanisme aux établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre », indique le ministère.

Ainsi, elle élargit le périmètre du Scot à l’échelle du bassin d’emploi, « afin d’en faire un outil stratégique de projet de territoire à l’interface entre les grandes régions et les intercommunalités », ont souligné Jacqueline Gourault et Julien Denormandie. Le Scot voit également son rôle renforcé et peut désormais valoir plan climat-air-énergie (PCAET). Par ailleurs, «  trois grands thèmes complémentaires relatifs au développement économique, au logement et à la transition écologique remplacent les onze précédemment imposés dans le document d’orientations et d’objectifs pour redonner au Scot sa vocation stratégique », ont expliqué les deux ministres. La lutte contre l’étalement urbain est prise en compte transversalement.

La seconde ordonnance « limite et simplifie les obligations qui imposent aux documents d’urbanisme transversaux (schémas de cohérence territoriale, plans locaux d’urbanisme et autres documents en tenant lieu), d’intégrer les enjeux d’autres documents de planification relevant de politiques sectorielles telles que les risques, les continuités écologiques, les déplacements, etc. », souligne le ministère. « Selon les territoires, jusqu’à vingt documents peuvent devoir être examinés par les collectivités territoriales et les élus au moment de l’élaboration de leurs documents d’urbanisme », a rappelé Julien Denormandie. L’ordonnance prévoit ainsi cinq évolutions : si un territoire est couvert par un Scot, c’est celui-ci qui doit être compatible avec les différents documents sectoriels, et non le plan local d’urbanisme (PLU), « qui s’en trouve simplifié puisqu’il devra uniquement examiner sa compatibilité avec le Scot et non plus avec tous les autres documents ». De plus, quatre documents de planification sectoriels ne sont plus opposables aux  Scot, PLU et cartes communales. « Cette exclusion est le résultat d’un diagnostic prenant en compte l’impact urbanistique du document et sa pérennité », précise le ministère.

Le lien juridique de « prise en compte » d’un document est remplacé par le lien juridique de compatibilité avec ce document. « Cela permet de ne conserver qu’un seul type de lien juridique et donc de clarifier la portée de ce qui doit être intégré dans un document d’urbanisme », assure le ministère. Cependant, «  les programmes d’équipement et les objectifs des schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (Sraddet) ne voient pas leur lien de prise en compte modifié », est-il précisé. 

Les délais de mise en compatibilité des documents sont unifiés : les collectivités devront en examiner la nécessité tous les trois ans, et non plus à chaque fois qu’un nouveau document sectoriel entre en vigueur ou est modifié.

Enfin, cette ordonnance introduit la note d’enjeux. « Elle consacre une pratique existante qui permet aux collectivités élaborant des documents d’urbanisme de solliciter du représentant de l’Etat dans le département un exposé stratégique faisant état des enjeux qu’il identifie sur leur territoire et que le document d’urbanisme est appelé à traduire », explique le ministère. Ce qui permettra de faciliter le dialogue entre la collectivité et l’Etat.

Ces deux ordonnances s’appliqueront aux documents d’urbanisme dont l’élaboration ou la révision est engagée à compter du 1er avril 2021. « Des mesures transitoires sont cependant prévues pour les Scot en cours d’élaboration ou de révision pour appliquer ces simplifications par anticipation », précise le ministère.

Espaces verts, murs, clôtures, sous-sols, parking souterrains… Bien que petites, les surfaces que l’on pourrait utiliser pour l’agriculture urbaine sont nombreuses à Paris. Avec seulement 10% de ce foncier inexploité, 20 000 exploitations viables pourraient être créées.

50 mètres carrés : c’est la surface utile en maraîchage traditionnel pour alimenter une personne en fruits et légumes. Si l’on voulait assurer l’autosuffisance en fruits et légumes frais de la population parisienne, il faudrait mettre en culture pas moins de 11 000 hectares. Il faudrait aussi prévoir 5 000 hectares pour la main d’œuvre non-résidente. Cela reviendrait à cultiver 1,5 fois la surface de Paris. Dans un rapport intitulé « Une agriculture urbaine à Paris – Eléments de réflexion en quelques chiffres », l’Apur (Atelier Parisien d’Urbanisme) analyse les conditions dans lesquelles une agriculture urbaine pourrait se développer dans Paris.

L’Apur rappelle tout d’abord que l’accès au foncier constitue un premier frein aux porteurs de projets. Le foncier disponible est en effet très morcelé et complexe à identifier. « Les surfaces permettant la culture de pleine terre sont rares à Paris. Pourtant 12 hectares sont déjà cultivés au sol, soit près de l’équivalent du parc Montsouris. Parmi ces espaces, on compte : 102 jardins partagés (55 000 mètres carrés), une ferme de 50 000 mètres carrés dans le bois de Vincennes et 5 000 mètres carrés de vignes (Montmartre, parc de Bercy, Parc Georges Brassens, Bagatelle, Parc de Belleville…) », note l’Apur dans son étude.

Dès lors, comment gagner du terrain sur la ville, comment créer de nouvelles surfaces où cultiver fruits et légumes ? En exploitant les espaces verts disponibles, par exemple. « À Paris, ce sont 580 hectares de parcs et jardins publics (hors bois), 83 hectares d’espaces verts des grandes institutions et 38,5 hectares d’espaces verts en projet ou à l’étude qui pourraient ainsi être partiellement mis à contribution pour des productions maraîchères, ruches, petits élevages ou jardins partagés », analyse le rapport.

Les espaces publics de la voirie sont de potentielles autres surfaces exploitables. Il existe ainsi à Paris 200 hectares de places de stationnement de surface, 190 hectares d’îlots de voirie de plus de 50 mètres carrés (terre-pleins, séparateurs, ronds-points…), 547 places et placettes publiques, 600 voies peu circulées (impasses, passages et villas) et de nombreux retraits d’alignements. Le rapport cite deux exemples historiques : « À Cuba, sous l’embargo américain, ce sont les stationnements de surface qui les premiers ont été mis à contribution pour nourrir les habitants. À Paris, pendant la seconde Guerre Mondiale, les terre-pleins de l’avenue Foch étaient cultivés pour alimenter les Parisiens », rappelle l’Apur.

Ces espaces, à la portée de tous, pourraient devenir les supports de potagers partagés, gérés notamment par les riverains par le biais du « permis de végétaliser ». Ils peuvent également voir naître un vaste verger urbain, comme a entrepris de le faire la municipalité de Barcelone en plantant des arbres fruitiers parmi ses alignements d’arbres existants ou la municipalité de Katoomba, près de Sydney, en plantant 20 000 noisetiers dans les rues. « À titre d’exemple, le stationnement de surface à Paris couvre un espace équivalant à celui d’un verger de 20 000 arbres », peut-on lire dans le rapport de l’Apur.

Les toitures sont, elles aussi, des espaces propices à la végétalisation. « 80 hectares de toitures présentent aujourd’hui à Paris un fort potentiel de végétalisation, du fait de leur surface disponible et de leur couverture pouvant accueillir une épaisseur minimum de substrat suffisante au développement d’une végétation herbacée », détaille le rapport.

Dans le cadre des appels à projets lancés par « Les Parisculteurs », un certain nombre de projets concernant des toitures ont été créés. C’est le cas notamment du verger inauguré en 2018 sur le toit de l’Opéra-Bastille. 2 500 mètres carrés de plantes potagères sont ainsi cultivés par l’entreprise Topager, lauréate de la première saison des Parisculteurs.

La Maison d’agriculture “BienÉlevées”, créée par quatre sœurs, s’est spécialisée, elle, dans la culture du Crocus sativus. Le pistil de ses fragiles fleurs violettes offre la plus rare des épices : le safran. La première safranière qu’elles ont installée à Paris a vu le jour au cœur de l’Institut du Monde Arabe. Dans le cadre des Parisculteurs, elles ont remporté l’exploitation des presque 2 000 mètres carrés de toitures du Monoprix Bièvre dans le 13e arrondissement.

Le projet « Cultures forestières » de la société d’agriculture urbaine Cultures en ville propose, de son côté, l’installation d’une micro-forêt comestible sur la toiture Poste Immo Magenta. Ce projet expérimental et innovant, réalisé en partenariat avec AgroParistech, permettra la création d’un îlot de biodiversité de 650 m² dont la production complètera les paniers de fruits et légumes frais vendus en direct sur la toiture, en vis-à-vis, de la médiathèque Françoise Sagan (Paris 10e).

Le projet « Cultures forestières » de la société d’agriculture urbaine « Cultures en ville » sur la toiture Poste Immo Magenta (Paris 10e) © Les Parisculteurs

Les murs et clôtures présentent également un réservoir de surfaces cultivables. « On recense aujourd’hui plus de 250 km de murs et clôtures entourant les écoles, les terrains de sport et les cimetières, et plus de 2 000 km de murs et murets sur l’espace public, dont 30 km le long des berges de Seine. À cela s’ajoutent les 3 200 murs pignons sur rue existant à Paris et les bâtiments et équipements en projets ou à l’étude, pour lesquels le PLU de Paris favorise la végétalisation des façades », note l’Apur dans son rapport. Les murs sont exploités depuis des siècles pour la culture d’arbres fruitiers et le forçage des cultures maraîchères. En 1870, les 600 km de murs à pêches de Montreuil produisaient 17 millions de fruits par an.

Une autre source de foncier à explorer se situe dans les sous-sols de la capitale. Certaines cultures (notamment les brasseries ou la culture des champignons) peuvent en effet tirer profit de situations souterraines. « Une partie des 770 hectares d’anciennes carrières de calcaire grossier sous Paris, situés sous les 5e, 6e, 12e, 13e, 14e, 15e et 16e arrondissements, pourrait voir se développer de nouvelles champignonnières, notamment à proximité de leurs entrées », déclare l’Apur.

Le rapport note également que les parkings souterrains sous-exploités, les stations de métro désaffectées et autres tunnels de voirie déclassés constituent un autre gisement de surface à exploiter.

« Bien que Paris offre principalement des petites surfaces à l’agriculture, ces surfaces sont nombreuses et s’il était possible de mettre en culture 10% du potentiel décrit ci-dessus, cela permettrait de créer près de 20 000 exploitations viables (selon une étude menée à la ferme du Bec Hellouin en 2015) et de produire environ 60 millions d’équivalent repas / an, en considérant une productivité moyenne de 6 kg/m2 », conclut l’Apur.

L’édition 2020 de l’appel à projets « Vers des bâtiments responsables » de l’Agence de la transition écologique (Ademe), a vu 11 lauréats se démarquer.

Depuis deux ans, l’Ademe lance un appel à projets de recherche annuel pour aller « Vers des bâtiments responsables » et sobres. L’objectif est de « soutenir des projets de recherches et d’expérimentations qui permettent de générer des nouvelles connaissances, levant des verrous scientifiques, techniques, socioéconomiques, sanitaires et/ou organisationnels et qui apportent des recommandations en termes de politiques publiques », indique l’Ademe sur son site. Pour l’édition 2020, 47 équipes ont participé entre juin et octobre 2019, en proposant des projets intégrant l’un des quatre axes de l’appel : Comment favoriser la sobriété dans notre rapport au bâtiment ? Comment adapter nos bâtiments au changement climatique et au vieillissement ? La transition numérique peut-elle être une alliée de la transition écologique ? Consommer moins de ressources mais mieux : bâtiment et économie circulaire.

Onze lauréats ont été annoncés le 28 mai 2020. Zoom sur chacun de ces projets de recherche.

Thématique « Sobriété dans notre rapport au bâtiment et Transition numérique »

vise à développer un capteur à bas coût « qui analyse les mélanges gazeux à partir d’une technologie de rupture », explique l’Ademe. Il s’agit de maîtriser le taux de CO2 et d’humidité dans les bâtiments.

CCO2-Aldes – crédit : DR

sera une expérimentation sur des territoires pilotes, de la méthode B2C2 pour la rénovation BBC (Bâtiment bas carbone). Cette méthode vise à « apporter des réponses opérationnelles à la réalisation et l’accompagnement de rénovation BBC réalisées par étapes », explique Effinergie. Cette méthodologie a pour but de combler un fossé entre les rénovations globales BBC et les rénovations monolots, afin de « concilier les deux dispositifs en amenant les maîtres d’ouvrage à se positionner dans une démarche BBC-compatible et en réfléchissant à un projet de rénovation globale et une programmation des travaux efficaces », ajoute le porteur de projet.

Groupe scolaire de l’Isle d’Espagnac – Observatoire BCC – Effinergie – Crédit : Effinergie
Thématique « adaptation à long terme du bâtiment »

vise à adapter les bâtiments afin de réduire la surchauffe estivale. Il s’agit d’une « évaluation grâce à des calculs de Simulations Thermiques Dynamiques (STD) basés sur des projections climatiques actualisées, et grâce à l’Analyce en Cycle de Vie (ACV) », précise l’Ademe.

© Pixabay

a pour objectif de s’assurer de la durabilité et de l’efficacité de la ventilation en instrumentant les logements ayant déjà fait l’objet d’une campagne d’instrumentation 10 ans auparavant.


vise à analyser « l’évolution dans le temps de l’étanchéité à l’air de l’enveloppe via un protocole de mesure in situ et des essais en laboratoire avec vieillissement accéléré », précise l’Ademe.

© CEREMA

a pour objectif de trouver un moyen d’assurer le confort thermique avec seulement la ventilation naturelle, dans le cadre d’opérations de rénovation.


est une étude menée sous plusieurs climats sur les performances et l’acceptabilité des brasseurs d’air, dans un contexte de changements climatiques.


consiste au développement d’un protocole de vieillissement adapté aux matériaux biosourcés, « et plus particulièrement ceux fortement hygroscopiques [qui absorbe l’humidité de l’air] », explique l’Ademe. Le Cerema précise qu’il s’agit de « déterminer l’évolution des propriétés hygrothermiques de plusieurs typologies d’isolants et évaluer leur impact sur le confort d’été et le confort d’hiver des bâtiments à l’horizon 2050 ».

laine de verre – wikimedia commons – Radomil 

est une étude de faisabilité d’une protection solaire immobile passive et saisonnière dont l’orientation est personnalisée selon la façade.


Thématique « Consommation des ressources et économie circulaire »

est un projet de construction d’une école selon trois modes constructifs différents : béton de chaux avec agrégat de béton recyclé, terre-chanvre et terre non stabilisée.


vise à simplifier et massifier le réemploi dans le BTP avec deux projets pilotes : aide au tri sur le chantier et stockage de matériaux prêts au réemploi.

déchets construction – Creative Commons Zero CC0
Les trottinettes, scooters et vélos en free-floating, c’est-à-dire sans station d’attache, ont investi l’espace public en seulement quelques années, transformant en profondeur les pratiques des usagers.

En 2018, on comptait 43 millions de déplacements journaliers en Île-de-France (+23% par rapport à 2001), dont 8,8 millions étaient internes à Paris (+24% par rapport à 2001). Les portées étaient courtes : 72 % des déplacements faisaient moins de 2 kilomètres et 92% moins de 5 kilomètres.

Vélib’ (en 2007) et Autolib’ (en 2011) ont ouvert la voie à une nouvelle dimension du déplacement personnel dans la Métropole du Grand Paris. L’usage sans la possession, et le service en trace directe plutôt qu’en boucle (retour à la station de départ) sont apparus. Ces deux innovations majeures ont bouleversé la pratique des citadins. 

« Vélib’ puis Autolib’ ont nourri une expérience innovante de la mobilité en ville. Proposant au plus grand nombre, en divers points de l’espace public, une offre en mobilité propre, ils ont ouvert le champ à des pratiques qui ont transformé le paysage du déplacement et ont permis l’arrivée de nouveaux opérateurs », peut-on lire dans une étude que l’Apur (Agence Parisienne de l’Urbanisme) vient de publier sur les mobilités émergentes (« Les mobilités émergentes, trottinettes, scooters et vélos en partage »).

L’étude de l’APUR rappelle que c’est Cityscoot, entreprise spécialisée dans le scooter en free-floating (sans station d’attache), qui ouvre le bal des nouveaux opérateurs à Paris dès juin 2016. Côté vélos, Gobee Bike, puis Obike et enfin Ofo, inondent le marché parisien en moins de trois mois à partir d’octobre 2017 avec 6 500 vélos environ. Concernant les trottinettes, c’est d’abord Lime qui, le premier, s’installe sur les trottoirs parisiens. Le service sera suivi de près par d’autres opérateurs et on comptera rapidement 12 exploitants de trottinettes à Paris en moins de 12 mois.

Début 2020, la Ville de Paris comptabilise 18 000 trottinettes en free-floating. À ce parc, il convient d’ajouter environ 8 500 vélos et 4 000 scooters en flotte libre ainsi que les 16 000 Vélib’ aujourd’hui. « La période de latence est ainsi extrêmement courte (moins de 10 ans) entre le partage avec stations (Vélib’, 2007) et le partage sans station (CityScoot, 2016). C’est un intervalle très bref au regard des révolutions en matière de transport », analyse l’APUR dans son étude.

Pour mieux connaître les utilisateurs des nouveaux services de mobilité, l’APUR a mené une enquête auprès de 11 200 personnes entre le 29 novembre 2019 et le 20 janvier 2020. 58% des répondants ont moins de 35 ans et la proportion d’hommes est de 64%. 72% des usagers ayant indiqué leur lieu de résidence sont domiciliés à Paris. 

La géographie des réponses (l’étude a relativisé les données brutes au profit d’indices de spécificité ou d’intensité d’usage) montre que, dans Paris intra-muros, le centre rive-droite apparaît comme particulièrement perméable à ces nouvelles pratiques. A l’extérieur de Paris, les villes de Clichy, Levallois-Perret, Vanves et Montrouge présentent des taux de sur-représentation supérieurs à 300%.

© Enquête Apur « Les mobilités émergentes, trottinettes, scooters et vélos en partage », menée du 29 novembre 2019 au 20 janvier 2020. Note de lecture : les résidents de Boulogne-Billancourt présentent une forte sensibilité à la pratique. Celle-ci est 2,7 fois plus élevée que ne le laisse présager leur poids dans la population de la petite couronne. Ce taux permet de nuancer les performances brutes des territoires.

Lorsqu’on segmente la pratique selon le type d’engins, on constate que « les usagers de trottinettes sont globalement surreprésentés dans les arrondissements correspondant au quartier central des affaires de Paris, les usagers des vélos en libre-service résident plutôt dans les 2e, 3e et 10e arrondissements, et sont sensibles à la pratique dans les 5e et 11e arrondissements. Les lieux de résidence des usagers de scooters se déportent nettement vers l’ouest, en particuliers dans les 2e, 7e, 9e et 17e arrondissements. L’Ouest est « moins sensible » au vélo, l’Est est « moins porté » sur les scooters, et globalement, les 19e, 20e et 13e arrondissements paraissent peu marqués par ces usages », note l’Apur dans son étude.

© Enquête Apur « Les mobilités émergentes, trottinettes, scooters et vélos en partage », menée du 29 novembre 2019 au 20 janvier 2020.

Dans leur grande majorité, les répondants sont « fidèles », n’ayant recours qu’à un seul opérateur (71%). Près d’un tiers des utilisateurs multiplie toutefois ses chances de trouver un engin à proximité en souscrivant à plusieurs services.

© Enquête Apur « Les mobilités émergentes, trottinettes, scooters et vélos en partage », menée du 29 novembre 2019 au 20 janvier 2020.

« L’une des caractéristiques principales de l’usager d’engins en free-floating, c’est sa très grande capacité d’adaptation à l’état de l’offre en place. Cette élasticité à l’offre se traduit notamment par son usage régulier de nombreuses autres modalités de déplacements », déclare l’Apur dans son enquête. Ainsi, 9 326 répondants ont fourni 29 569 réponses parmi les 15 modalités proposées, ce qui correspond en moyenne à l’emprunt régulier, en Île-de-France, de 3,2 modes de transport.

Les transports en commun et la marche à pied dominent le podium des modes de déplacements des répondants, avec respectivement 79% et 77% de taux de réponses. Les taxis et VTC arrivent en deuxième position, avec 44 % des répondants, ce qui, additionné aux quatre roues motorisés (voiture personnelle, covoiturage, autopartage), porte le taux de réponses pour ces modes à 76 %. 

© Recensement 2016, Insee. Enquête Apur « Les mobilités émergentes, trottinettes, scooters et vélos en partage », menée du 29 novembre 2019 au 20 janvier 2020 (base répondants : 9 326).

Le travail reste le premier motif de recours aux engins en free-floating, avec 50% des répondants signalant l’utiliser le plus fréquemment sur un parcours domicile-travail ou travail-autres. Les résultats de l’enquête menée par l’Apur ont été comparés à ceux de l’Enquête Globale de Transport en Île-de-France, menée par l’Observatoire de la mobilité en Île-de-France (Île-de-France Mobilités).

« La hiérarchie des motifs de déplacements est similaire. En revanche, les proportions diffèrent largement, ce qui s’explique en grande partie par les modes de transports examinés, par la couverture géographique et par des méthodes différentes », remarque l’Apur dans ses commentaires.

© Enquête Apur « Les mobilités émergentes, trottinettes, scooters et vélos en partage », menée du 29 novembre 2019 au 20 janvier 2020 (base répondants : 10 957). Enquête Globale de Transport en Île-de-France, menée de janvier 2018 à juin 2019 (base répondants : 7 000).
Le lundi 16 mars, alors qu’Emmanuel Macron annonce un confinement total en France, les entreprises doivent repenser leur organisation. Comment s’est passé le confinement ? Comment la reprise des activités s’opère-t-elle dans les entreprises ? Frédéric Flipo, directeur et fondateur d’Evergaz, spécialiste du biogaz et de la méthanisation dont les bureaux sont situés dans le IXè arrondissement de Paris, nous explique comment s’organise le déconfinement dans son entreprise.

Dès le 15 mars, nous avons pris la décision de mettre toutes nos équipes administratives, financières, de direction, du bureau d’études et de développement de projets, en télétravail. Nous sommes 50 chez Evergaz, dont une vingtaine dans nos bureaux à Paris. Nous avons dû mettre quelques personnes en chômage partiel, soit car leur absence physique pesait sur l’activité, soit car elles avaient des contraintes avec leurs enfants.

Evergaz exploite aussi 14 unités de méthanisation en Europe, dont 9 en France. Sur les sites, nous travaillons 24h/24. L’activité n’a pas été perturbée car nous avons continué à récupérer des biodéchets issus de l’alimentation animale et humaine. Il était important de continuer l’activité tout en protégeant les équipes et nous avons donc mis en place un système de rotation des équipes, afin que personne ne se croise.

Nous avons donné la possibilité aux salariés de revenir dans les bureaux, sans aucune obligation. Nous établissons un planning de présence chaque semaine, afin qu’il n’y ait qu’une personne par bureau et par jour. Nous avons fermé l’espace de repas collectif et fourni des masques et du gel hydroalcoolique à tous les salariés. Des distributeurs de gel ont été installés dans les parties communes et nous avons aussi joué sur les sens de circulation : les salariés arrivent par l’ascenseur et repartent par l’escalier. Nous avons proposé des cartes de parkings aux salariés habitués aux transports en commun, qui se sentent plus à l’aise de revenir en prenant leur voiture. Ceux qui vivent dans Paris viennent à pieds ou à vélo. Sur les 20 salariés, nous sommes entre 5 et 6 par jour.

Sur les sites, le système de rotation mis en place pendant le confinement a été maintenu.

Nous sommes conscients de ce souci et tentons d’être le plus flexibles possible pour les parents d’enfants. Nous avons même proposé à ceux qui avaient potentiellement des problèmes de continuer à financer des frais de garde d’enfants.

Ce contexte a joué sur l’avancement des projets car l’état d’urgence sanitaire a suspendu certains délais. Mais nous avons avancé sur d’autres projets qui, pour l’instant, ne demandent pas d’autorisations réglementaires. Le temps de développement d’un projet est compris entre 3 et 5 ans, et l’échelle du confinement est trop petite pour les remettre en cause durablement. Pour certains projets nous attendons le retour d’un architecte ou une étude de faisabilité, mais cela n’a pas vraiment d’impact sur l’entreprise.

Nous avons un projet en chantier dans la Marne, au sud d’Epernay, qui a été arrêté pendant 3 semaines. Mais ce sont des chantiers en extérieur, les gens ne travaillent pas en milieu clos donc ça a facilité la reprise.

Pour les projets en développement ou en cours d’instruction : nous avons échangé avec l’administration qui a assuré une continuité de service. La production sur les sites a été assurée, ainsi que la livraison de digestat aux agriculteurs pour l’épandage.

Nous avons déjà plusieurs dizaines d’entreprises adhérentes. Certaines sont dépendantes de la commande publique et ont été fortement impactées par l’état d’urgence sanitaire et l’absence de second tour des élections. C’est une période durant laquelle il a été difficile d’attribuer des marchés.

Pour rebondir, nous voulons être pro-actifs, répondre ensemble à des marchés, se renvoyer des opportunités commerciales et travailler ensemble. Cette crise est l’occasion de se serrer les coudes et de jouer collectif. Nous allons également faire un gros travail de sensibilisation auprès des élus et de différents acteurs, pour bien faire connaitre nos entreprises et mettre les sujets liés à la transition écologique en haut de l’agenda.

Ce club permettra aussi de réagir à la crise actuelle en proposant des offres communes, tout en bénéficiant d’une proximité territoriale.